Parmi les voix toulousaines incontournables figure celle de Pascale Lagorce, qui accompagne depuis trente ans les auditeurs et les téléspectateurs occitans. De Sud Radio à France 3, des émissions de rugby à la rédaction en chef, la journaliste livre les secrets de sa réussite.
Pendant les vacances de la Toussaint, Pascale Lagorce a passé quelques jours dans le Jura, en famille et entre amis. La rédactrice en chef de France 3 Occitanie en a profité pour se rendre au petit village de Cornod, où elle passait l’été lorsqu’elle était petite, dans la maison de ses grands parents. Près de la fontaine de l’église, comme par miracle, elle a croisé Gérard, le voisin chez qui elle jouait à l’époque. « Il en a gardé des photos. Il m’a raconté qu’il suivait mon parcours… c’était des retrouvailles très touchantes ». Voilà une occasion de remonter le temps avec celle dont la voix accompagne depuis trente ans les auditeurs et les téléspectateurs occitans.
C’est bien pendant son enfance « heureuse, amusante, paisible » que l’avenir professionnel de Pascale Lagorce s’est dessiné. Elle est très tôt assidue à quelques émissions politiques cultes, comme Les dossiers de l’écran, Sept sur Sept ou Questions à domicile. Toujours fascinée par les grands évènements de l’actualité, elle veut « savoir ce qui se passe dans le monde et comprendre ce que les gens y font ». C’est ainsi, qu’adolescente, la Dijonnaise veut devenir commissaire de police et prend des leçons de tir au club du commissariat de la ville. Puis elle envisage une profession d’avocate, avant d’opter pour le journalisme, dont elle suit des études à Paris. « Ces trois métiers sont liés : il s’agit toujours d’enquêter, d’être au cœur de la société et de ses faits divers ».
Son père, qu’elle suivait tous les week-ends dans son club de foot amateur, lui a donné l’amour du sport. « Pas forcément pour en faire, mais pour en parler ! », précise la journaliste, qui avoue préférer le vélo électrique à la course à pied. Pas étonnant que son micro ait vite croisé la trajectoire de ballons de toutes tailles et formes. Ovale en particulier. Tout juste embauchée à la présentation des flashes d’infos et des journaux de Sud Radio, à Toulouse, elle accueille en studio l’équipe du Castres Olympique et son bouclier de Brennus, après sa victoire au Championnat de France de Rugby de 1993. « Moi qui n’en connaissait que les Tournois des cinq nations et les commentaires de Jean-Pierre Rives, je me suis demandé : “Mais quel est cette discipline qui déclenche de telles passions ?” » Les deux boucliers suivants sont remportés par le Stade Toulousain et Pascal Lagorce intègre l’équipe des sports pour plus d’une décennie.
Peu de temps après, elle se voit confier une émission dédiée au rugby par Pierre-Yves Revol, le président de Sud-Radio. « Il était précurseur, car les femmes ne faisaient pas cela à l’époque », fait remarquer l’intéressée. « Puis, un jour, un directeur d’antenne m’a dit : “Je m’ennuie quand je t’écoute à la radio alors que je t’entends parler bien fort à la machine à café. Sois-toi même”. J’ai suivi son conseil, et c’est ce qui a donné le ton à l’émission ». De ses milliers d’heures de directs, en studio, dans les stades, « ou dans les bars, lors de la coupe du monde 2007 », elle garde en mémoire « des moments professionnels d’exception, une magie quotidienne ». Remerciée au tournant de la décennie 2010, il lui faut alors embarquer pour une toute nouvelle aventure. Télévisuelle celle-ci.
« Depuis dix ans, France 3 m’ouvre des portes et me fait confiance. Je me sens engagée vis-à-vis de la chaîne. En tant que rédactrice en chef à Toulouse, je me dois d’être exemplaire ». Nommée en mai dernier, Pascale Lagorce est aujourd’hui en charge des JT, de la mise en place de nouvelles émissions, des décisions éditoriales, mais aussi du management et des ressources humaines d’une équipe de 70 journalistes. Un profil de poste « compliqué, qui nécessite de la bienveillance, de l’écoute et de la fermeté. Heureusement il y a le collectif. Je fais une totale confiance aux rédac-chefs adjoints ou des locales. Grâce à eux, je peux partir en vacances sereinement ! »
Première femme à occuper de telles fonctions à France 3 Occitanie, première femme présentatrice sportive, Pascal Lagorce est « à contre courant de ce que l’on entend sur ce sujet. Je ne me suis jamais considérée comme une femme seule dans un monde d’hommes. Mais comme une journaliste compétente qui travaille ses sujets et que l’on traite à égalité avec les autres ». Et c’est ainsi qu’elle a gravi la plupart des échelons de la profession, tout en élevant trois enfants. « À 55 ans, je n’ai plus grand-chose à me prouver. Mes enfants et ma vie vont bien. Maintenant, j’ai envie de transmettre ce que j’ai appris, de prendre de nouveaux talents par la main et de les amener à leur meilleur niveau ». Et pas question, pour celle qui y a posé ses valises il y a trente ans, de quitter Toulouse. « Cette ville m’a adoptée. Elle a tout pour elle et je m’y sens tellement bien ! »
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