Jérôme Bayle, éleveur de bovins à Montesquieu-Volvestre, est devenu une véritable figure emblématique de la colère des agriculteurs en Haute-Garonne. Son parcours l’a mené aujourd’hui à se battre pour faire améliorer les conditions de travail et de vie du monde agricole.
Jérôme Bayle, 42 ans, incarne désormais la lutte des agriculteurs en Haute-Garonne. Né et élevé au sein d’une famille de paysans, ses racines plongent profondément dans la terre fertile de l’exploitation familiale. Ses parents, tout comme ses ancêtres depuis des générations, ont consacré leur vie à cultiver la terre et à élever du bétail. S’il a toujours été bercé par le travail à la ferme, le jeune agriculteur a pourtant décidé de faire des études de génie civil… avant de revenir à ses premières amours.
« Quand on grandit à la ferme et qu’on aime ça, c’est difficile de ne pas y retourner », explique-t-il, témoignant de son attraction pour le métier d’agriculteur. Aujourd’hui, l’éleveur gère son exploitation agricole à Montesquieu-Volvestre, au cœur de la Haute-Garonne, à la lisière de l’Ariège. Sur ses 160 hectares de terre, il élève un troupeau de 90 vaches limousines, perpétuant ainsi la tradition familiale. En outre, il cultive des céréales, notamment pendant l’été, pour diversifier ses activités et assurer la viabilité économique de son entreprise.
Un héritage prenant, qui n’a pas étouffé son autre passion. En effet, Jérôme Bayle a longtemps joué au rugby, portant successivement les maillots de Tournefeuille, Blagnac et Quillan. Cependant, un accident survenu sur le terrain l’a brutalement contraint à raccrocher les crampons. Malgré cela, les valeurs, l’esprit d’équipe, la discipline et la résilience inculqués par le rugby continuent de guider ses actions quotidiennes.
Les journées de Jérôme Bayle sont rythmées par le soin attentif apporté aux animaux et par les tâches incessantes d’entretien de la ferme. Elles débutent aux premières lueurs de l’aube, vers 6h du matin, et s’étirent souvent jusqu’au crépuscule, vers 19h30. « Il faut compter une trentaine de minutes de pause à midi avant de repartir travailler », précise-t-il, soulignant la rigueur et l’endurance requises pour gérer une telle entreprise.
Pour le soutenir, sa mère, indéfectiblement. L’éleveur partage son quotidien à la ferme avec elle, assumant ainsi le rôle de chef de famille depuis le décès tragique de son père en 2015. Ce dernier, accablé par les pressions du métier, a mis fin à ses jours. « Il n’en pouvait plus de ce métier », confie l’éleveur, rappelant la dure réalité de la vie agricole et ses conséquences dévastatrices sur la santé mentale des paysans.
Malgré les défis et les responsabilités qui pèsent sur ses épaules, Jérôme Bayle peut également compter sur ses amis : « J’ai une bande de copains qui m’aident vraiment, sinon je ne pourrais pas tout faire », reconnaît-il humblement. Ensemble, ils trouvent du réconfort et de la joie dans diverses activités, allant du sport au cinéma en passant par la lecture, la musique, la chasse et la pêche. Ces moments de détente et de camaraderie lui sont essentiels pour maintenir un équilibre dans sa vie bien remplie.
Cependant, ces derniers mois ont été marqués par un tournant décisif dans la vie de l’éleveur haut-garonnais. En janvier dernier, il est devenu l’une des figures de proue de la mobilisation agricole en Occitanie. Confrontés notamment à la Maladie hémorragique épizootique (MHR) qui frappe leurs élevages, lui et ses pairs ont décidé de prendre les choses en main. Il explique : « C’est une catastrophe. Et puis, j’ai commencé à entendre mes proches parler de suicide. C’est normal, nous aimons nos animaux, et nous faisons face à une fatigue psychologique. Moi, je vais de l’avant, mais certains ont des familles à nourrir, ça devient très compliqué. Depuis 2017, les statistiques parlent d’une moyenne de 1,7 suicide par jour chez les agriculteurs… »
Déterminé, il décide alors de participer, avec ses amis, à la manifestation du 16 janvier dernier à Toulouse. Malgré une forte mobilisation des paysans, les autorités n’ont pas répondu à leurs attentes, comme raconte l’agriculteur : « Nous n’avons rien eu. Nous attendions un discours fédérateur des syndicats, mais on nous a juste remerciés d’être venus. Nous étions fous furieux ! » Les proches agriculteurs de Jérôme Bayle l’ont alors encouragé à prendre la parole. « J’ai saisi le micro et j’ai prononcé un discours fédérateur, à l’instar de ceux que l’on entend avant un match de rugby », relate-t-il. Il a ensuite annoncé que le groupe bloquerait l’autoroute A64, au niveau de Carbone. Cette décision n’a pas été prise à la légère, mais résulte plutôt d’une accumulation de frustrations liées à des conditions de travail éprouvantes.
Le choix du lieu de blocage (l’autoroute A64) n’a pas n’ont plus été choisi au hasard, car cette route relie l’Espagne à Toulouse. Malgré les réticences des syndicats, Jérôme Bayle et ses compagnons ont pris position, déployant une banderole portant l’inscription : « Ici commence le pays de la Résistance agricole », faisant référence à la résistance française pendant la Seconde Guerre mondiale.
Initialement prévu pour durer quelques jours, le blocage est resté en place du 18 au 27 janvier, permettant ainsi à d’autres groupes de s’organiser dans toute la France, selon les souvenirs de l’agriculteur. S’il est fier de l’engouement qui a suivi, il ne s’attendait pourtant pas à une telle ampleur du mouvement : « Je voulais faire bouger les choses, mais c’était quand même très compliqué à gérer pour moi. J’ai été très sollicité par les médias, des plateaux de télévision en France, aux appels du New York Times et de tous les journalistes d’Europe. Finalement, je me dis que nous avons marqué l’Histoire », avoue-t-il.
Malgré les annonces gouvernementales et les avancées obtenues, le paysan reste mobilisé et déterminé à faire entendre la voix des agriculteurs. En mars, il a fondé une association, “Les Ultras de l’A64”, dans le but de renforcer l’action collective et de trouver des solutions concrètes aux défis auxquels sont confrontés les exploitants. « Si on ne bouge pas, on ne sera plus agriculteur bien longtemps », affirme-t-il, soulignant l’urgence de faire valoir les intérêts de la communauté agricole et de promouvoir une image positive de leur métier. Avec détermination et résilience, Jérôme Bayle continue de se battre pour un avenir meilleur, pour lui-même, pour ses proches et pour tous ceux qui travaillent la terre avec dévotion.
Commentaires
sabatier jean marie le 06/03/2025 à 10:32
bonjour. je suis jean marie sabatier paysan a la retraite, je me bats aussi pour la défense de l agriculture. j avais monté en 2007 le colectif de l herault paysans toujours, mais par manque d expérience, et infiltré par un membre de la fedesa ,notre mouvement s est éteint, vous devez tout de même vous en rappeler de ces tracteurs qui sont partis de Montpellier via la capitale .