Passionné par les sports de combat depuis le plus jeune âge, Quentin Arola a ouvert il y a plus de deux ans un club de MMA à Toulouse. Il souhaite aujourd’hui transmettre sa passion au plus grand nombre, en s’engageant notamment aux côtés des jeunes issus des quartiers prioritaires de la ville (QPV). La discipline, bien souvent jugée violente, est pourtant selon lui un excellent moyen d’apprendre à connaître son corps, et surtout, à fixer ses limites.
« Tous les combattants de MMA ne sont pas des bagarreurs, au contraire », insiste Quentin Arola, 34 ans. Il a commencé à pratiquer les sports de combat dans les années 2000, attiré par le cadre réglementaire imposé dans chaque discipline, malgré la violence apparente des affrontements. « Je pense que se battre fait partie de la nature de l’Homme », soutient-il. Pour autant, dans le sport, tous les coups ne sont pas permis. Et c’est ce qui lui plaît.
« Combattre m’a appris beaucoup de choses. En premier lieu, l’humilité, en acceptant qu’un débutant puisse me battre. Aussi, qu’un coup fait mal, et qu’il ne faut pas en donner n’importe comment », énumère-t-il. Selon lui, c’est principalement la peur, et l’envie de prouver sa force, qui pousse un individu à en blesser un autre. « Lorsque l’on réussit à contrôler cette peur, et que l’on devient conscient de sa force, il n’y a plus de risques », poursuit-il.
Selon le jeune Toulousain, les sports de combat ont surtout eu la fonction essentielle de lui permettre d’apprendre à connaître son corps, à savoir où se situent ses limites. « La première chose que j’ai apprise dans le MMA est de gérer ma douleur. Ce n’est pas anodin de se retrouver face à quelqu’un qui vous étrangle, par exemple. Il est important de savoir quand il faut abandonner le combat. Si je ne sais pas gérer ça, je me mets en danger », analyse-t-il.
Il reconnaît la violence de la discipline. Pour autant, il assure que le MMA n’est pas plus dangereux que les sports de montagne, qui causent chaque année plusieurs dizaines de décès, ou encore que le rugby, où les accidents sont nombreux. « Et puis, on ne se frappe pas tous les jours », rit-il. Le contenu des entraînements varie quotidiennement. « Parfois, on teste notre force, et notre capacité à recevoir des coups. Parfois, on travaille simplement la technique, la rapidité. On reste des gens réfléchis », sourit-il à nouveau.
Quentin Arola s’est orienté tardivement – à 17 ans – vers le jujitsu brésilien en fréquentant les bancs de l’école toulousaine Aranha. « J’ai ici trouvé une seconde famille. J’y ai rencontré mes mentors, Éric Satgé et Yan Cabral, les fondateurs de l’établissement. Ils ont tout de suite cru en mon rêve d’ouvrir une salle de sport. Alors que ma famille était plus terre à terre et souhaitait que j’obtienne des diplômes, avant d’entrer dans le monde du travail… », évoque-t-il. Au fil de sa progression, Quentin Arola développe l’envie de combattre en MMA. Il a toujours été passionné par cette discipline. Adolescent déjà, il regardait des combats de MMA à la télévision. « Je savais que j’allais en faire un jour. Je me suis débrouillé pour y parvenir », raconte-t-il.
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Mais en 2016, la pratique du MMA est encore interdite en circuit professionnel sur le sol français. Le Toulousain se tourne alors vers une discipline ancienne, et pourtant similaire : le pancrace, disputé au temps des Jeux olympiques antique. Il est encore amateur, mais les entraînements lui permettent de disputer des combats de MMA contre des professionnels, en Espagne, en Angleterre et au Portugal.
Son intégration dans le circuit professionnel international lui permet de faire des rencontres. Et notamment celle de Yohan Salvador, un autre combattant de MMA qui venait de s’installer à Toulouse. « Il m’a envoyé un message sur Instagram pour qu’on s’entraîne ensemble. Il a un parcours complet. En plus du MMA, il a aussi combattu en boxe, en lutte, et dans un art martial vietnamien (le Viet vo dao). Et ça, depuis tout petit », énumère, encore admiratif, Quentin Arola. Les deux sportifs se rejoignent plusieurs fois pour combattre et se lient rapidement d’amitié. Puis, d’autres amis se greffent au duo, comme Axel Bribes,et Mathieu Chaumont, un combattant amateur.
« Au sortir du premier confinement, nous nous sommes dit que nous souhaitions professionnaliser nos entraînements. Alors, nous avons décidé de créer notre propre club de MMA : le Tactical fight team (TFT) », se souvient le jeune Toulousain. Au départ, ils se rassemblent dans les locaux d’Aranha, dont le groupe de jeunes amis finit par racheter les murs.
Le club, initialement prévu pour faciliter l’organisation de leurs entraînements, s’ouvre finalement au public dès la rentrée 2020 et rencontre un franc succès. Il compte aujourd’hui 250 adhérents. La plupart sont des amateurs et ne combattent pas en circuit professionnel. « Ils ont simplement été attirés par la discipline depuis la légalisation en France des compétitions (janvier 2020), puis par l’arrivée de l’UFC (la ligue mondiale de MMA) dans le pays », suppose Quentin Arola.
Depuis le début de l’année, le Tactical fight team propose des licences à prix réduits pour les habitants des quartiers prioritaires de la ville (QPV). « Aujourd’hui, une trentaine de personnes en bénéficient. Ils ont un accès illimité aux trois salles de Rangueil, la Reynerie et Barrière de Paris », dévoile Quentin Arola. Dès le mois de février, le TFT organisera des cours gratuits réservés aux femmes. « L’objectif est de toucher des personnes qui n’ont pas encore osé franchir les portes d’un club, soit par peur, soit parce qu’elles n’avaient pas envie d’avoir de proximité physique avec des hommes, majoritairement présents au TFT », résume le coach.
Dans un second temps, il souhaiterait prendre contact avec des associations qui travaillent aux côtés de victimes de violences conjugales. Le plus, par rapport aux cours de self-défense, serait de « mettre les personnes en situation réelle, avec des professeures spécialisées dans les pieds-poings et les combats au sol », tranche-t-il. Encore une fois selon lui, le MMA pourrait leur permettre de gagner en confiance, d’apprendre à se défendre et surtout, pourrait représenter une porte d’entrée à la libération de la parole.
Au sortir d’un CAP électricien passé en candidat libre, le Toulousain a travaillé quelques années dans le secteur du bâtiment et travaux publics (BTP). « Un jour, mon ancienne compagne m’a dit que le métier d’éducateur spécialisé me conviendrait parfaitement, car je suis quelqu’un qui aime être à l’écoute des autres. Alors je me suis renseigné, j’ai passé les concours, je me suis lancé », se souvient Quentin Arola. Il a travaillé pendant six ans aux côtés de personnes atteintes de handicaps mentaux à Saint-Orens-de-Gameville. Aujourd’hui, il poursuit son engagement auprès des jeunes, et notamment des primodélinquants, du quartier de la Reynerie à Toulouse, avec l’association Sport pour s’élever.
« Nous allons les chercher en bas des immeubles pour essayer de les raccrocher au système de droit commun par le biais du sport, en établissant des liens de confiance avec eux. Mais attention, ils ne me respectent pas parce que je fais du MMA, ils me respectent parce que je les respecte », tient-il à souligner, confiant, en plaisantant, que « les premiers contacts se font souvent autour de mes oreilles en chou-fleur ».
Quentin Arola est aujourd’hui fier d’avoir réalisé un double rêve : celui d’ouvrir son propre club de MMA, et celui de pouvoir transmettre sa passion à un très large public.
Commentaires
Gianni Saccol le 22/02/2025 à 18:17
Super article , qui nous en apprend beaucoup sur Quentin et ses ambitions .
Le fait qu’il explique bien que cette discipline n’est pas de la simple bagarre enlèvera des idées clichés de certains.