La sportive de l’extrême originaire de Colomiers Stéphanie Gicquel vient de battre le record féminin des championnats de France d’ultrafond en parcourant 240 kilomètres en 24 heures. Et ce, après une fracture de la rotule il y a tout juste un an.
À tout juste 40 ans, Stéphanie Gicquel, originaire de Colomiers, a pulvérisé le record féminin d’ultrafond en parcourant 240 kilomètres en 24 heures de course lors des championnats de France qui se sont déroulés à Brive-la-Gaillarde au mois de mai dernier.
Elle prépare actuellement, à Font Romeu, les championnats du monde de grand fond (course de 100 kilomètres) qui ont lieu à la fin du mois d’août en Allemagne, ainsi que les championnats d’Europe d’ultrafond organisés à Vérone le 17 septembre prochain. « Je suis la seule athlète à être qualifiée dans les deux disciplines. Et le défi est de taille, puisque trois semaines seulement séparent ces compétitions », appréhende la sportive.
Les performances de Stéphanie Gicquel sont impressionnantes. Car il y a tout juste un an, elle a subi une fracture de la rotule suite à une collision avec une trottinette. « Pendant quelques semaines, je ne savais pas si j’allais pouvoir refaire faire du sport », se souvient la jeune femme. Heureusement, son cartilage n’a pas été touché. Ceci lui a permis de rapidement reprendre l’entraînement, même si elle n’a toujours pas retrouvé toute la souplesse de son articulation.
Malgré cela, en octobre dernier, soit quelques mois seulement après son accident, Stéphanie Gicquel devient vice-championne de France de grand fond à Amiens. « Je n’avais jamais disputé de compétition dans cette discipline. Je voulais m’entraîner sur des distances plus courtes, avant de reprendre le chemin de l’ultrafond, car je ne savais pas si ma jambe allait tenir », admet-elle. Pari réussi.
Enfant, rien ne prédestinait la Columérine à devenir ultrafondeuse : aucun membre de sa famille ne fait de sport de haut niveau et elle n’a jamais pratiqué d’athlétisme en club. « Mais le sport a toujours fait partie de moi. Dans mon garage après l’école, je répétais pendant des heures les chorégraphies de gymnastique apprises en EPS pour perfectionner mes mouvements », se souvient la jeune femme, qui reproduisait également sur le parvis de sa maison familiale les figures de patinage artistique vues à la télévision, à l’aide d’une paire de rollers.
Sa passion pour le trail n’est arrivée que plus tard, suite à plusieurs road trip aux États-Unis et en Australie durant ses études de droit. « Pendant ces voyages, j’ai peu à peu laissé tomber la voiture pour la course à pied, afin d’aller visiter les contrées les plus isolées. Je me suis rendue compte que j’adorais ça », justifie la sportive. Après plusieurs expériences en tant qu’avocate fiscaliste dans différents cabinets, Stéphanie Gicquel décide finalement, il y a dix ans, de mettre fin à sa carrière professionnelle pour dédier son quotidien à l’ultrafond, et relever des défis sportifs saisissants.
Outre l’ultrafond, Stéphanie Gicquel est également passionnée d’expéditions dans des conditions extrêmes. Elle en a déjà réalisé plusieurs au Groenland, au Pôle Nord, en Norvège. Mais l’aventure qui l’a le plus marquée reste celle réalisée en 2014, où elle a parcouru 2 045 kilomètres en skis de randonnée à travers l’Antarctique accompagnée de deux autres explorateurs, dont son conjoint.
L’expédition a duré 74 jours au cœur du continent de glace, où les températures atteignent -50 degrés et les vents soufflent jusqu’à 80 kilomètres par heure. Malgré les aléas climatiques, les explorateurs marchaient 8 à 16 heures par jour. « Pendant les deux dernières semaines d’efforts, nous étions entourés d’un épais brouillard blanc qui nous empêchait de recharger nos téléphones satellites (à énergie solaire), et donc de prévenir les secours s’il nous arrivait quelque chose », confie Stéphanie Gicquel, qui, à son retour, ne pesait plus que 39 kilos. « C’était extrême, mais c’était mon rêve. Un rêve pour lequel j’ai mis quatre ans à me préparer », soutient-elle.
Les conditions physiques hors normes de Stéphanie Gicquel servent à faire avancer la science. En effet, la sportive travaille en collaboration avec l’Institut national du sport, de l’expertise et de la performance (INSEP). Les recherches effectuées sur la sportive ont permis de prouver que, grâce à ses entraînements en chambre froide, la température de son corps baissait significativement moins que celle des autres humains lorsqu’elle était confrontée à des températures glaciales.
En conséquence, cette capacité d’adaptation lui permet de repousser ses limites physiques. Et il en est de même pour les fortes chaleurs. « Nous travaillons actuellement sur la capacité du corps à s’adapter à la hausse des températures que nous subissons avec les épisodes de canicule de plus en plus fréquents », explique Stéphanie Gicquel.
L’ultrafondeuse ne ferme aucune porte. « Peut-être que demain je rencontrerai un triathlète qui me donnera envie de me mettre au vélo ou à la natation et que dans deux ans je disputerai des compétitions dans cette discipline », sourit-elle. Mais pour l’heure, Stéphanie Gicquel ambitionne plutôt de poursuivre les compétitions d’ultrafond et, plus tard, de retourner en Antarctique, visiter l’Alaska, réaliser des expéditions avec un de ses amis photographe dans le cercle polaire, parcourir différents pays pour en apprendre davantage sur de nouvelles cultures… « Le monde est tellement immense, que je ne serai jamais rassasiée d’aventures », conclut Stéphanie Gicquel.
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