19 cas de covid-19 recensés dans une maison de retraite de Montpellier ce mercredi 28 avril, et sans doute une vingtaine dans un Ehpad d’Albi. 26 résidents testés positifs à L’Ehpad Marie Lehmann de Toulouse quelques jours plus tôt, dont un qui a succombé à la maladie… Pour autant, la vaccination reste un point commun à tous ces établissements. Hélène Villars, gériatre au CHU de Toulouse et chargée de la plateforme Ehpad Occitanie Ouest, décrypte ce paradoxe.
La vaccination n’empêcherait pas d’être malade et de transmettre le virus ?
La vaccination n’empêche pas la transmission, la contagiosité du virus. Cependant le vaccin protège des formes graves. Il y a beaucoup moins de décès lié à la covid et d’hospitalisations. Certains n’ont aucun symptôme, d’autres un léger rhume. En revanche, cela prouve bien qu’il continue à rester contagieux. Nous nous y attendions.
L’étude sur le vaccin Pfizer disait qu’il protégeait à 90% de formes sévères. Il reste ces 10% de patients qui, en effet, peuvent contracter une forme grave. Cette information figurait déjà dans les travaux scientifiques. Pour donner une idée, il y a encore une dizaine de cluster dans les Ephad de Haute-Garonne, c’est-à-dire des endroits où il y a plus de trois cas. Mais nous avons constaté un décès la semaine dernière, un décès la semaine d’avant et deux décès la semaine précédente… Sur les 7 500 résidents du département, ce sont des chiffres encore jamais vus. Il y a encore quelques mois, nous comptabilisions une vingtaine de décès par semaine.
« Un cluster de 2020 n’a pas la même gravité qu’un cluster de 2021 »
On peut dire que ces « clusters » sont moins dangereux qu’au début de la pandémie ?
C’est la notion même de cluster qui a changé. Il y a encore quatre mois, quand personne n’était vacciné et que l’on employait ce terme, on parlait des cas groupés où le taux de mortalité était très élevé, à hauteur de 25 %. Un cluster de 2020 n’a pas la même gravité qu’un cluster de 2021. Aujourd’hui c’est la même définition, mais en termes de gravité, d’hospitalisation et de morbidité, la situation est complètement différente. Elle reste tout de même fragile pour les personnes de plus de 95 ans. La réponse du système immunitaire à la vaccination – autrement dit, la production d’anticorps – est atténuée par l’âge, ce qui peut réduire l’effet de la vaccination.
Nous recensons également des cas d’échappement vaccinaux. Ce sont des personnes qui ont reçu les deux doses, qui contractent la covid dans un cluster et qui développent une forme grave. Nous avons enregistré quelques cas que nous avons transmis à Santé Publique France et à l’Agence régionale de santé. Nous travaillons sur ces cas afin de comprendre pourquoi. À ce jour l’autre danger porte sur les quelques résidents et personnels soignants restants non vaccinés. Il y a toujours une poignée de gens concernés, mais certains Ehpad en Occitanie ont déjà atteint les 100%.
Quelles sont les solutions envisageables ?
Selon moi, la seule issue sera de discuter de l’obligation vaccinale pour les professionnels. Pour travailler au CHU, nous avons l’obligation d’être vaccinés contre l’hépatite B par exemple. Nous pourrions très bien imaginer à l’avenir cette obligation également pour la Covid-19. Au fil des mois, nous observons que les professionnels de santé se vaccinent de plus en plus. Cela évolue, mais on relève encore la moitié des professionnels de santé dans les Ephad qui ne sont pas vaccinés.
Propos recueillis par Lucie Lescastreyres
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