Depuis le début de la pandémie, certains médecins refusent de recevoir des patients présentant des symptômes grippaux sans un test de dépistage covid-19 négatif. Cette pratique est-elle légale et conforme à la déontologie ?
Depuis le début de l’épidémie de Covid-19, les médecins demandent parfois un test de dépistage avant de recevoir en consultation. Une pratique qui surprend certains patients et pose des questions déontologiques.
« J’ai appelé mon médecin parce que j’avais des symptômes grippaux et une douleur à la poitrine, après avoir été cas contact. Après m’avoir dit qu’elle n’avait pas de place avant le lendemain, la secrétaire médicale m’a demandé le motif de mon appel. Lorsque je lui ai expliqué, elle a paru inquiète. Elle m’a demandé si j’étais vaccinée puis m’a demandé de faire un test avant de venir en consultation. Je ne suis pas vaccinée et j’ai senti le poids du jugement dans ses réponses. J’ai pris cela pour de la discrimination », témoigne Alejandra, une jeune mère de famille vivant à Foix, en Ariège.
La rédaction a appelé le cabinet en question où l’on confirme les dires de la jeune femme. Le secrétariat refuse de prendre un rendez-vous pour un patient présentant des symptômes potentiellement liés au Covid-19. « Il faut rester chez vous, prendre du Doliprane si besoin et, si vous êtes positif, attendre l’appel de l’Assurance maladie qui vous prendra en charge. Ce sera partout pareil, aucun médecin ne recevra un patient sans un test négatif », tranche la secrétaire. Vacciné ou non, la réponse semble être la même pour tout le monde.
« Je suis un peu surpris. Normalement, nous recevons tout le monde en consultation. Toutefois, certaines conditions d’accueil ont changé depuis le début de l’épidémie et c’est normal. Par exemple, nous avons suspendu les tranches d’ouverture sans rendez-vous qui ne garantissaient pas des conditions sanitaires suffisantes et nous espaçons les consultations pour désinfecter le cabinet entre les patients. Mais de là à leur demander de montrer patte blanche ou de prouver qu’il ne sont pas malades avant de les ausculter, c’est différent », s’étonne tout d’abord le docteur Jean-Christophe Calmes, médecin généraliste et président de l’Union régionale des professionnels de santé (URPS) médecin d’Occitanie.
Néanmoins, si le praticien s’étonne du caractère « systématique » de la réponse, il rappelle que la contagiosité de la Covid impose tout de même des précautions particulières. « Lorsque nous sommes face à des symptômes manifestes du Covid, nous essayons d’éviter au maximum de faire venir les patients au cabinet. Nous voulons éviter de créer des clusters dans les salles d’attente. Nous pouvons avoir, pour cela, recours à une téléconsultation. En cas de suspicion de contamination, faire un test est naturellement la première chose à faire. Mais au moindre doute sur une complication ou une fragilité du patient, il faut le voir », précise-t-il.
Celui-ci rappelle également qu’un médecin est tenu de prendre en charge un patient. Que ce soit en évaluant la situation par téléphone, ou en l’orientant vers une proposition alternative adaptée (urgences, SOS médecin, confrère, etc.).
Un médecin peut donc parfaitement conseiller à son patient, s’il ne présente pas de risque, de rester chez lui en attendant le résultat d’un test de dépistage du Covid-19. Mais cette décision, liée à une évaluation médicale de la situation, peut-elle être prise en amont par une secrétaire ou une assistante médicale ?
« Une secrétaire ne doit pas endosser un champ de compétence qui n’est pas le sien. Mais, dans la réalité, ces dernières sont effectivement amenées à poser des questions au patient. Il faut alors que cet interrogatoire, protégé par le secret médical, soit mené sur la base d’instructions du médecin. À la moindre alerte, il est fortement recommandé de basculer vers un entretien téléphonique avec le praticien », précise le docteur Jean-Marcel Mourgues, médecin généraliste et vice président du Conseil national de l’Ordre des médecins.
Selon lui, ce tri, opéré sous la tutelle du médecin, permet, en pleine pandémie, d’absorber l’augmentation du volume des consultations, de maintenir une qualité de soin pour les affections hors covid-19 et de limiter au maximum les risques de contagion. Néanmoins, le praticien insiste sur le cadre strict de ces recommandations.
« Un cabinet médical ne peut et ne doit pas faire de discrimination selon le statut vaccinal du patient. La question peut être abordée dans le cadre d’un diagnostic de Covid ou d’une campagne de sensibilisation. Mais elle ne doit pas déterminer l’accès au cabinet. De même, il ne serait pas déontologique de demander un test négatif à une personne venant pour une autre affection, comme une lombalgie », insiste le praticien.
Pour lui, un test de dépistage et le statut vaccinal sont des élément de diagnostic légitime en cas de suspicion Covid mais ne doivent absolument pas se transformer en laissez-passer indispensable pour entrer dans un cabinet médical.
Commentaires
Peter le 01/04/2025 à 17:48
ça ne leur dit rien à ces médecins:
"Mon premier souci sera de rétablir, de préserver ou de promouvoir la santé dans tous ses éléments, physiques et mentaux, individuels et sociaux.
Je respecterai toutes les personnes, leur autonomie et leur volonté, sans aucune discrimination selon leur état ou leurs convictions. J’interviendrai pour les protéger si elles sont affaiblies, vulnérables ou menacées dans leur intégrité ou leur dignité. Même sous la contrainte, je ne ferai pas usage de mes connaissances contre les lois de l’humanité.
Timi le 01/04/2025 à 10:30
Aujourd'hui je voulais consulter car cela fait 2 jours que mes amidales sont taché de blanc.
J'ai du mal à déglutir...
J'ai appelé 2 maison de santé les deux on demandé un auto test avant consultation.
Je ne vais pas consulter je pense...