Malgré le déclenchement du Plan blanc, le 4 août dernier, les services hospitaliers d’Occitanie et notamment en réanimation devraient être dépassés par les admissions pour cas de Covid d’ici la fin de la semaine.
« Le point de rupture sera atteint dans la semaine », alerte Jean-Jacques Morfoisse, directeur général adjoint de l’Agence Régionale de Santé Occitanie (ARS). En effet, avec des admissions pour des formes graves au sein des services hospitaliser de la région en forte hausse (+ 34 % dans les services conventionnels et 65 % en réanimation), la limite des capacités de prise en charge de l’hôpital devraient être dépassées d’ici la fin de semaine en Occitanie. « Cette augmentation vertigineuse montre la brutalité de la quatrième vague », s’inquiète Jean-Jacques Morfoisse.
Les courbes épidémiologiques sont donc nettement plus marquées que lors des trois premières vagues. Que ce soit sur le plan des admissions à l’hôpital que des contaminations. À ce jour, l’Occitanie atteint un taux d’incidence inédit depuis le début de l’épidémie, avec 400 nouveaux cas en sept jours pour 100 000 habitants en moyenne. Une valeur qui semble se stabiliser mais qui cache des disparités entre territoires.
En effet, certains départements touristiques, comme l’Hérault (600 cas pour 100 000 habitants), la Haute-Garonne (402), l’Aude (432), le Gard (441) ou les Pyrénées Occidentales (491) sont particulièrement touchés mais semblent atteindre un plateau. Le nombre de contaminations a même déjà commencé à baisser dans l’Aude, les Pyrénées-Orientales et la Haute-Garonne. « Ce qui peut nous laisser espérer que le pic est derrière nous », observe le responsable de l’ARS. Néanmoins, celui-ci souligne que « les vagues d’admissions marquent toujours un retard de trois à quatre semaine » et que la situation reste extrêmement préoccupante sur le plan des capacités hospitalières.
En effet, le nombre de patients pris en charge au sein des CHU d’Occitanie, notamment au sein des service de réanimation, ne cesse d’augmenter. « Nous constatons une hausse de 34,7 % des patients admis pour des formes graves de Covid dans les services conventionnels et de 65 % en réanimation. Aujourd’hui, nous comptons déjà deux cents patients en réanimation », détaille Jean-Jacques Morfoisse. Un nombre de malade qui correspond à 45 % des 462 lits habituellement disponibles dans ces services.
Mais ce sont les projections calculées par l’Institut pasteur qui inquiètent particulièrement Jean-Jacques Morfoisse. « Ce sont des prévisions fiables et robustes. En se basant sur un scénario moyen nous constatons que nous aurons dépassé les capacités d’accueil d’ici la fin de la semaine. Ce qui nous amène à faire un point d’alerte extrêmement grave et lourd. »
En effet, l’ARS s’attend a devoir prendre en charge simultanément près d’un millier de patients en réanimation dans les semaines qui viennent. Dépassant ainsi largement les capacités d’accueil pourtant portées à 588 lits de réanimation à la suite du déploiement du plan blanc, le 4 août dernier. « Nous devons nous réorganiser et pousser les murs pour décaler le point de rupture. Lors du pic de la troisième vague nous avions atteint une capacité de pratiquement 700 lits », complète-t-il.
Outre le plan blanc, l’Agence régionale de santé a décidé de mettre en œuvre, dès cette semaine, des transferts de patients vers des régions plus épargnées par cette seconde vague, afin d’anticiper l’afflux de malades à venir et de réduire la pression hospitalière. Les patients dont le cas le permettra seront alors transférés vers les régions Grand Est et Hauts-de-France.
« C’est un échange qui renverse ce que nous avons vécu lors des vagues précédentes. Nous avons lancé les trois premières évacuations sanitaires aujourd’hui. Une femme sera transférée de l’hôpital de Narbonne vers celui d’Amiens et deux hommes vers celui de Lille », assure Jean-Jacques Morfoisse qui craint une période « très compliquée ».
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