Suite aux annonces d’Emmanuel Macron et à la généralisation du Pass sanitaire, les laboratoires constatent une flambée des demandes de tests PCR et antigéniques en Occitanie. En pleine période de vacances scolaires et confrontés à la recrudescence épidémique, ces derniers peinent à répondre aux besoins.
L’explosion de la demande était prévisible. Suite à l’allocution d’Emmanuel Macron qui a annoncé la généralisation du Pass sanitaire, les demandes de tests de dépistage du Covid ont brutalement augmenté. Une situation d’autant plus tendue en Occitanie, une région qui connaît une importante activité touristique et qui est particulièrement touchée par la reprise épidémique.
« En plus des personnes non-vaccinées qui ont besoin du Pass sanitaire pour travailler ou honorer une réservation pour leurs vacances, nous voyons nettement augmenter le nombre de personnes qui viennent se faire dépister pour une suspicion de Covid ou parce qu’ils sont cas contact », précise Morgane Moulis, vice-présidente de la branche biologistes de l’Union régionale de santé en Occitanie.
Si en Haute-Garonne, le nombre de dépistages a augmenté de près de 25 % en une semaine (ente le 9 et le 15 juillet), des départements plus touristiques comme le Gers ou l’Aude ont vu la demande doubler avec des taux de positivité qui ont pratiquement quadruplé. Certains laboratoires de la région, et notamment les drives, ont triplé le nombre de tests quotidiens effectués sur cette même période. Une hausse d’autant plus difficile à absorber au moment des vacances.
« Ces mesures sont arrivées de manière inopinée. Nous n’avons été prévenus que deux ou trois jours avant les annonces du président. Ce qui ne nous a pas laissé de temps suffisant pour nous organiser. Notamment pour réaménager les plannings des personnels qui avaient déjà posé leurs congés », regrette Morgane Moulis. En effet, si aucune pénurie de matériels n’est à craindre pour le moment, c’est la gestion des ressources humaines qui pose le plus de problème.
« Les industriels qui produisent les réactifs ont été avertis plus tôt par le gouvernement que la demande allait augmenter », dévoile la biologiste qui s’inquiète du caractère obligatoire du Pass sanitaire, notamment pour les professionnels soignants. « Si nous devons tester, toutes les 48 heures, la part encore importante de personnels soignants non vaccinés cela va multiplier la demande et nous ne serons plus en mesure de faire face. On se tire une balle dans le pied ».
« La semaine dernière nous avons réalisé deux millions de tests au niveau national. Cette demande pourrait continuer d’augmenter et nous prévoyons d’approcher prochainement les trois millions de tests hebdomadaires. Pour le moment nous arrivons à tenir la cadence et à respecter les délais de 48 heures à 95 % du temps », rassure François Blanchecotte, président du Syndicat des biologistes médicaux. Mais la profession se prépare à affronter une recrudescence des dépistages qui devrait durer encore plusieurs semaines.
« La quatrième vague est arrivée plus vite que prévue. Et nous sommes dans une course contre la montre. Car la généralisation du Pass sanitaire se met en place et qu’il faut 7 à 8 semaines pour compléter un schéma de vaccination. Nous voyons déjà certains professionnels, comme des animateurs de camps pour enfants, qui se de font tester toutes les 48 heures », précise François Blanchecotte qui espère une inflexion de la tendance au mois de septembre.
« Si 50 millions de Français sont vaccinés, ça ira. Mais nous ferons le point à ce moment », ajoute-t-il. Un retour à la normale qui pourrait être favorisé par la fin du remboursement systématique des tests et serait susceptibles de dissuader les tests dits de ”confort”, permettant d’entrer dans les lieux publics où le Pass sanitaire est obligatoire.
Par ailleurs, pour absorber cette surcharge d’activité et éviter les embouteillages dans les salles d’attente, les laboratoires pourraient étendre la possibilité de réaliser les prélèvements aux personnels administratifs. Ces derniers devront, pour cela, obtenir une habilitation. Il leur faudra assister à une démonstration des gestes techniques et bénéficier d’un accompagnement pratique sur la première demi-journée d’activité. De quoi soulager les biologistes qui vont, peu à peu, prêter main forte sur la campagne de vaccination.
« On nous demande d’être mobilisés sur deux fronts. Depuis deux ou trois semaines, nous sommes autorisés à vacciner. Mais pour le moment très peu de laboratoires le font. Avant d’être totalement opérationnels, nous devons nous former à la vaccination et nous assurer que les dispositifs informatiques de déclaration des actes, qui permettent d’éditer les QR codes, soient parfaitement fonctionnels », complète Morgane Moulis qui estime que la vaccination en laboratoire pourrait se généraliser dans les 10 ou 15 prochaines jours.
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