Le pôle pédiatrie du CHU de Toulouse et l’association Empreintes ont mis au point un cahier d’expression à destination des enfants ayant subi la perte d’un proche. L’objectif : permettre aux plus jeunes de se confier et ainsi de faire leur deuil, et aux adultes de les soutenir au mieux.
« 10 % des enfants ayant perdu un proche vivent un deuil compliqué, qui peut entraîner des troubles psychologiques graves s’ils ne sont pas pris en charge », constate Agnès Suc, responsable de l’équipe Enfant-Do (qui intervient dans le traitement de la douleur et les soins palliatifs pédiatriques) du pôle pédiatrie du CHU de Toulouse. Pour les accompagner dans ce processus, cette dernière et l’association Empreintes ont mis au point ‘’Mon cahier pour en parler’’.
Il s’agit d’un carnet ludique, qui s’adresse aux enfants de 5 à 11 ans. Il y est raconté l’histoire de Tom, en deuil de son papa. Un fil rouge qui offre des repères aux enfants. En parallèle, des activités ciblées leur sont proposées pour les amener à exprimer leur ressenti, à verbaliser leurs états d’âme. Elles leur permettent de livrer leurs émotions en dessinant, écrivant, collant des photos… Le cahier devient ainsi un outil dont peuvent se servir les adultes pour communiquer avec un enfant qui vient de perdre un proche. Ce qui peut parfois s’avérer délicat.
Car l’entourage se trouve souvent démuni lorsqu’il s’agit de soutenir un enfant en deuil. Comment l’accompagner ? Quels mots utiliser ? Comment être à son écoute ? Comment le préparer à l’avenir ? D’autant que, « pour se protéger et pour préserver les plus jeunes, les familles ont tendance à ne pas parler du drame survenu », observe Agnès Suc. Surtout quand le décès en question fait suite à un suicide, ou que les relations entre l’être disparu et l’enfant étaient conflictuelles.
« Pourtant, pour que l’enfant puisse continuer à se construire, il doit comprendre qu’il est normal de ressentir de nombreuses émotions à la suite de la perte d’un proche. En parler permet de se sentir écouté et d’alléger son fardeau », précise le docteur Suc, qui assure des ateliers d’entraide pour enfants endeuillés, baptisés ‘’Histoire d’en parler’’.
Devant l’incapacité de certaines familles à communiquer, ou même le manque d’accompagnement dans les établissements de santé, ‘’Mon cahier pour en parler’’ devient un outil pour provoquer le dialogue. Que ce dernier se noue avec un membre de la famille, de l’entourage, un instituteur, un éducateur ou un professionnel de santé. Ainsi, chacun peut se procurer ce carnet sur simple demande auprès de l’association Empreintes. Une notice d’utilisation est fournie pour guider l’accompagnant dans son échange avec l’enfant.
Saluer par le ministère des Solidarités et de la Santé, le cahier sera également mis à disposition des infirmières scolaires et des assistantes sociales.
Severine Sarrat
Au journal depuis 2008, elle en connaît tous les rouages. D’abord journaliste polyvalente, puis responsable des pages économiques, elle est aujourd’hui rédactrice en chef.
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