Principal indicateur de suivi épidémiologique, le taux d’incidence ne tient pas compte des touristes présents en Occitanie. Un biais qui implique une sous-estimation de la circulation du virus notamment dans les départements côtiers de la région.
Les taux d’incidence des départements touristiques ont littéralement explosé ces deux dernières semaines en Occitanie, avec des hausses pouvant atteindre 200 % en sept jours. Ainsi, les Pyrénées-Orientales (616), l’Aude (398) ou l’Hérault (470) connaissent des taux deux à trois fois supérieurs à la moyenne nationale qui s’établit, ce mardi 27 juillet, autour de 179,2 cas pour 100 000 habitants. Une situation qui préoccupe les autorités sanitaires alors que le virus pourrait circuler de manière encore plus active dans ces territoires. En effet, cet indicateur n’intègre pas les touristes en villégiature dans la région. Un biais qui implique une sous-évaluation de la part de personnes contaminées dans la population.
Pour calculer le taux d’incidence, l’indicateur qui détermine la part de cas positifs par rapport à la population d’un territoire, Santé publique France se base sur des données de l’Insee. Or cette méthode ne prend pas en compte le lieu de villégiature des touristes mais le lieu de leur résidence principale. De ce fait, les vacanciers qui effectuent un séjour en Occitanie ne sont pas comptabilisés dans les départements où ils se sont fait dépister, mais dans ceux de leur résidence principale. « Ce mode de calcul pose un soucis et peut générer un biais. Cela peut produire une distorsion statistique par rapport à l’incidence réelle à un moment donnée », s’inquiète le professeur Jacques Izopet, chef du service virologie du CHU de Toulouse.
Une altération de la mesure confirmée par l’Agence régionale de Santé Occitanie qui admet que ce biais « minimise le taux d’incidence », sans pouvoir estimer la marge d’erreur. L’institution précise que Santé publique France est en train de mettre en place un calcul de correction pour redresser les données. De son côté, l’Agence nationale de santé publique relativise l’impact de cette variable. « Même si les touristes ne sont pas comptabilisés, cet indicateur reste un reflet de l’épidémie. Lorsque le nombre de contaminations augmente chez les vacanciers, il augmente aussi dans la population locale ».
Pour le professeur Jacques Izopet, le croisement de plusieurs indicateurs, même imprécis, permet d’obtenir des informations précieuses sur les tendances de l’évolution de l’épidémie. « Aucun indicateur n’est parfait. C’est pour cela que nous en utilisons plusieurs. Le taux de positivité des tests est également une information importante », ajoute-t-il.
Cependant, comme l’ont dévoilé nos confrères de Libération, le taux de positivité serait également biaisé. À l’inverse du taux d’incidence, ce dernier indicateur produirait une surestimation de la circulation du virus. En effet, Santé publique France exclut de ses données les personnes ayant déjà eu un test négatif au cours des trois derniers mois. Ce qui, avec l’arrivée du pass sanitaire et la flambée de la demande de tests, concerne de plus en plus de personnes.
De ce fait, le taux de positivité ne reflète plus le nombre de personnes positives par rapport à l’ensemble des personnes testées mais par rapport aux seules personnes négatives n’ayant pas fait de tests lors des trois derniers mois. Ce qui, à nombre égal de tests positifs fait grimper significativement le taux de positivité. Une illustration concrète de la difficulté d’interpréter des données scientifiques et de la prudence que nécessite cet exercice.
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