Alors que la possibilité d’un nouveau confinement est à l’étude, la responsable des urgences pédiatriques du CHU de Toulouse s’oppose à la fermeture généralisée des écoles. Isabelle Claudet alerte sur une augmentation des admissions d’enfants dans son service pour troubles psychologiques.
« Une fermeture généralisée des écoles ne serait pas légitime », déclare Isabelle Claudet, à la tête du pôle des urgences pédiatriques du CHU de Toulouse. Une prise de position sans détour dans un débat qui prend de l’ampleur, alors que l’exécutif étudie la possibilité d’un nouveau confinement pour juguler la circulation du Covid-19 et de ses variants en France. Pour la cheffe de service, la balance bénéfice-risque penche nettement du côté du maintien de l’ouverture des écoles. En premier lieu, elle explique que « de plus en plus de publications prouvent que les enfants transmettent peu le virus lorsqu’ils en sont atteints. C’est ce que nous supputions et à présent, nous le savons ».
Parallèlement à cela, Isabelle Claudet constate une forte augmentation des admissions en urgence pédiatrique pour des problèmes psychologiques au CHU de Toulouse. Le service en accueille aujourd’hui 12 à 14 par jour, soit une quarantaine de plus par semaine qu’en temps normal. « C’était malheureusement prévisible et de nombreux spécialistes s’étaient inquiétés de l’impact sur la santé mentale des enfants durant le confinement », rappelle-t-elle. Cela concerne principalement des jeunes de 11 à 15 ans, « mais nous avons aussi des tout petits, autour de 6-7 ans. Et cela va jusqu’à 20 ans », précise Isabelle Claudet. Elle participe à une étude nationale, réalisée durant six semaines après le premier confinement et dont les résultats n’ont pas encore été publiés, qui montre qu’« un enfant sur cinq présentait les symptômes d’un syndrome de stress post-traumatique ».
Les observations de la responsable des urgences pédiatriques toulousaines vont dans le même sens que celles de la Société française de pédiatrie. Cette dernière a publié, ce lundi 25 janvier, un plaidoyer pour le maintien des écoles ouvertes. Arguant notamment que « les bénéfices attendus d’un nouveau confinement avec fermeture des écoles, crèches, collectivités et milieux socio-éducatifs dans la lutte contre la diffusion de ce virus, définitivement très différent des autres, demeurent hypothétiques ». La société savante souligne que « l’immense majorité des enfants s’infecte au sein des cellules familiales et non pas dans les écoles et-ou les crèches » et le très faible nombre de classes ou écoles fermées depuis la rentrée scolaire de septembre. Elle prévient enfin d’un autre effet délétère du confinement : la maltraitance envers les enfants, comparée à « une seconde pandémie ».
Philippe Salvador
Philippe Salvador a été reporter radio pendant quinze ans, à Toulouse et à Paris, pour Sud Radio, Radio France, RTL, RMC et BFM Business. Après avoir été correspondant de BFMTV à Marseille, il est revenu à Toulouse pour cofonder le magazine Boudu.
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