Pour Pierre Delobel, chef de service au CHU de Toulouse, le reconfinement arrive, dans la région, assez tôt pour que les hôpitaux ne soient pas débordés.
Malgré un taux d’incidence bien moins élevé que que dans certains départements, la Haute-Garonne est concernée comme l’ensemble du territoire par des nouvelles mesures de freinage de l’épidémie. Alors que le CHU de Toulouse observe une hausse rapide des admissions Covid depuis une semaine, Pierre Delobel, chef de service des maladies infectieuses et tropicales estime que ces annonces vont permettre de passer ce nouveau cap encore plus rapidement à Toulouse. Interview.
Le renforcement des mesures en Haute-Garonne tombe-t-il au bon moment par rapport à la situation au CHU de Toulouse ?
Nous ne sommes certes pas dans la même situation que dans d’autres régions, notamment en région parisienne. Néanmoins, depuis 10 jours, il y a une forte hausse du taux d’incidence dans le département et sur le territoire de Toulouse Métropole. Cela se ressent nettement cette semaine sur l’hôpital. Il y a sept jours, nous avions 120 patients Covid contre 149 à ce jour. Nous sommes en quelque sorte, en décalé avec ce qu’il se passe notamment en Ile de France mais nous avons tout de même atteint le pic observé au mois de mars 2020, lors de la première vague. Nous n’avons pas pour habitude de commenter les décisions mais on peut dire que pour nous à Toulouse, ces nouvelles mesures arrivent de manière précoce et seront donc plus efficaces. Pour l’hôpital, plus tôt on s’y prend, mieux c’est.
Le CHU a t-il déjà dû se réorganiser face à cette hausse des hospitalisations ?
Nous avons réouverts des lits dans les unités covid-19 comme nous l’avons fait à chaque fois que le besoin s’est fait ressentir. Nous nous adaptons en permanence en faisant l’accordéon. Pour l’instant, nous n’avons pas à faire à une vague monstrueuse et il n’y a pas de nouvelle organisation spécifique. Cette semaine, nous avons par exemple, accueilli un nouveau patient transféré d’une autre région.
Le taux d’incidence augmente notamment chez les plus jeunes. Est-ce que cela se ressent à l’hôpital ?
Il n’y a pas d’énorme changement en ce qui concerne le profil des patients hormis, effectivement, un léger rajeunissement. Mais généralement, on retrouve toujours chez ces derniers des facteurs de risque. La légère évolution de la moyenne d’âge des personnes hospitalisées est surtout à mettre au bénéfice de la vaccination. C’est une nouvelle donnée dont nous commençons à peine à constater les effets et c’est très encourageant.
Emmanuel Macron a évoqué l’augmentation du nombre de lits de réanimation, est-ce que cela est réalisable ?
Le plus important est de parler d’augmentations de lits de soins critiques au sens large. Il n’y a pas que la réanimation, il peut aussi y avoir des soins intensifs comme le fait de mettre des patients sous oxygène à haut débit. Et pour cela, nous avons à Toulouse un plan de montée en charge qui nous donne les moyens d’augmenter notre capacitaire. Je n’ai pas à juger le réalisme des chiffres annoncés au niveau national. Mais ce qui est sûr, c’est que cet objectif veut dire qu’il y aura des déprogrammations.
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