En Occitanie, presque une personne sur deux vit dans ce que l’on appelle communément un désert médical. Montagne, quartiers prioritaires et zones rurales : petit état des lieux de l’offre de soin dans la région.
« Petite commune pleine de charme cherche médecin généraliste pour installation dès que possible ». Depuis quelques temps, ce type de petite annonce fleurit sur les sites internet de villages d’Occitanie. En effet, avec 8335 médecins généralistes dont 6140 libéraux pour près de 6 millions d’habitants recensés en 2019, la région est confrontée à un problème de ”sous-densité” de son offre de soin. « Il y a encore une dizaine d’années, la région n’était pas sous-dotée. Mais cela fait 5 ou 6 ans que nous sommes en difficulté et confrontés aux déserts médicaux. Même si nous restons une région très attractive en comparaison d’autres territoires », contextualise Céline Saintin, référente du soin primaire et référente installation au sein de l’Agence régionale de santé (ARS) Occitanie.
« Cette situation s’explique, entre autres, par des départs à la retraite massifs et un changement de paradigme dans la manière d’exercer. Notamment, ils ne travaillent plus seuls aujourd’hui », complète Françoise Vidal Borrossi, également en charge de l’installation au sein de la direction premiers recours de l’ARS Occitanie.
Bien que relativement épargnée, l’Occitanie n’échappe donc pas à cette pénurie de médecins, longtemps entretenue par l’institution d’un numerus clausus (finalement abandonnée en 2019) qui limite le nombre de praticiens formés depuis 1971. Ainsi, en 2017, 41 % de la population de la région vivait dans un territoire considéré en ”sous-densité”, dont 6 % dans une zone ”très sous dotée”.
« Les déserts médicaux ne sont pas systématiquement dans des zones rurales. Nous en constatons également en ville, notamment dans les quartiers prioritaires de la ville (QPV) », précise Françoise Vidal Borossi.
Pour définir ces zones où les médecins font défaut, les statisticiens de l’ARS se basent sur un indicateur qu’ils nomment Accessibilité Potentielle Localisée (APL) et qui met en lien trois critères : le volume d’activité des médecins (mesure de l’offre de soin), les besoins en fonction de l’âge des habitants (mesure de la demande) et le temps de trajet entre le domicile et le cabinet d’un médecin généraliste.
Sans surprise, les grands bassins de population avec une forte activité économique sont mieux dotés en matière d’offre médicale. De même, l’observation de la carte du zonage des médecins permet de constater que le littoral est également très attractif. En revanche, les zones les plus critiques se trouvent généralement dans les territoires éloignés des pôles socio-économiques.
« L’une des particularités de l’Occitanie, c’est d’avoir une zone de montagne avec une problématique saisonnière très forte. En effet, il y a une importante fluctuation de population entre les vacances et les périodes scolaires. Il est difficile de stabiliser la présence de médecins sur ces territoires », relève Céline Saintain. Un défi supplémentaire à relever pour l’ARS dans la lutte contre les déserts médicaux.
Afin de remédier à la constitution de ces déserts médicaux, l’Agence régionale de santé multiplie les dispositifs d’incitation à l’installation en partenariat avec de nombreux partenaires : collectivités locales concernées, Caisse Primaire d’Assurance Maladie, unions de professionnels de santé, organismes de formation, ou encore avec l’ordre des médecins…
« Nous agissons sur divers leviers : la concertation sur le nombre de professionnels à former, le développement du recours à des infirmières de pratique avancée plus compétentes et qui peuvent soulager en partie les médecins, des aides à l’installation ou de développement des structures d’exercice cordonné. Nous avons même mis en place un dispositif spécifique et innovant pour répondre à la problématique des zones de montagne », détaille Françoise Vidal Borrossi.
Ainsi, depuis novembre 2013, l’Agence régionale de santé a mobilisé près de 4 millions d’euros pour faciliter l’installation de médecins généralistes. Auxquels s’ajoutent plus de 10 millions d’euros investis en 3 ans (entre 2017 et 2020) par l’Assurance maladie pour engager des médecins, toutes spécialités confondues, sur des territoires sous-dotés. « Les jeunes médecins ont le choix », conclut Céline Saintin qui se montre optimiste sur l’efficacité des mesures mises en place. Une cartographie actualisée des déserts médicaux en Occitanie devrait d’ailleurs être publiée par l’ARS en mars 2022.
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