Pourtant recommandés, les tests sérologiques rapides ne sont pas proposés de manière systématique au vaccinodrome de Toulouse. Ces tests de dépistages également appelés TROD (Test rapide d’orientation diagnostique), permettent de vérifier si une personne a déjà été infectée par la Covid-19 et ainsi déterminer le nombre de doses de vaccin à injecter.
Depuis le mois de juin, il est normalement possible de réaliser des tests sérologiques rapides dits TROD (Test rapide d’orientation diagnostique) dans les centres de vaccination. Ces tests de dépistage permettent de détecter la présence d’anticorps contre le SARS-CoV-2 dans le sang en seulement 15 minutes. S’ils s’avèrent positifs, cela signifie que la personne a déjà été infectée par le virus, même si elle n’a pas eu de symptômes, et qu’elle n’a donc besoin que d’une seule dose de vaccin au lieu de deux.
C’est la Haute autorité de santé (HAS) qui a validé l’intégration des TROD dans le schéma vaccinal en plaidant pour leur “banalisation” au moment du rendez-vous pour la première injection de vaccin. Une recommandation qui s’appuie sur des données selon lesquelles 23 % de la population française présente une sérologie positive alors que seulement 8 % de Français ont effectivement été dépistés (par test virologique). Pour la HAS, le repérage des personnes pouvant bénéficier d’un schéma vaccinal abrégé grâce aux TROD permettrait ainsi de libérer des créneaux ainsi que des “millions” de doses de vaccins, et ainsi d’accélérer la campagne vaccinale. Mais dans les faits, la généralisation des tests sérologiques est loin d’être une réalité.
En effet, chaque centre de vaccination est libre de décider à qui et quand les tests TROD sont proposés. Certains les généralisent à tous les patients venus recevoir leur première dose de vaccin. D’autres n’en ont pas assez et les consacrent aux mineurs. Au centre de vaccination de Gerland, à Lyon, le circuit vaccinal a été modifié pour intégrer les TROD, toutefois réservés en priorité aux personnes ayant déclaré un antécédent de covid supérieur à 2 mois, sans preuve de positivité, ainsi qu’aux personnes de moins de 30 ans, le plus souvent asymptomatiques. Au total, seul un million de TROD ont été réalisés en France depuis juin.
À Toulouse, de nombreuses personnes venues se faire vacciner pour la première dose au vaccinodrome de l’Île du Ramier se sont étonnées de ne pas s’être vus proposer un test sérologique. « J’étais persuadé qu’on m’en ferait un. Personnellement, je n’ai fait qu’un seul test PCR au tout début de l’épidémie donc je ne savais pas quoi répondre à la question du formulaire demandant si j’avais déjà été infecté ou non par le virus. La personne à qui j’ai expliqué cela m’a répondu que si je n’avais pas de test positif récent à présenter, il fallait cocher “non”, tout simplement » raconte Jonathan, un trentenaire rencontré à la sortie du centre. Une déception pour ce dernier car l’enjeu était aussi, pour lui, d’obtenir plus rapidement son pass sanitaire et ainsi profiter au mieux de ses vacances, dans le cas où il aurait déjà contracté la maladie sans le savoir.
Bien qu’il ne les propose pas de manière systématique, le vaccinodrome de Toulouse dispose pourtant bien de tests sérologiques rapides. « Nous avons des TROD, nous pouvons les faire si besoin mais nous les réservons à certains cas particuliers. Comme par exemple les personnes qui pensent avoir eu la Covid et qui ne peuvent pas se faire vacciner un autre jour » , explique Henriette Rijck van der Gracht, médecin superviseur au centre de l’Île du Ramier. Si cette dernière reconnaît les bénéfices de ces tests rapides, elle assure que leur mise en place généralisée serait un frein à la mission confiée au vaccinodrome. « Notre objectif est de vacciner le plus de gens possibles pour protéger la population, il faut bien faire des choix sur la manière dont on veut y arriver » , avance-t-elle.
Dans son avis, la Haute autorité de santé estimait ainsi que sa recommandation ne devait pas « perturber la dynamique vaccinale et alourdir l’organisation logistique des centres de vaccination ». « Si les gens font d’eux-mêmes un test sérologique, bien sûr c’est plus facile pour nous », assure la médecin qui évoque aussi le cas de personnes déjà infectées qui veulent tout de même les deux doses de vaccins. « Certains les veulent pour être rassurées, d’autres ont en besoin pour voyager vers certaines destinations. Au début nous refusions mais désormais il est prouvé que cela ne représente aucun risque supplémentaire ».
Commentaires