Un collectif d’extrême droite a mené une action contre une exposition de Sandra Reinflet à la basilique de Saint-Denis. L’artiste va porter plainte.
« La Mairie de Saint-Denis condamne avec la plus grande fermeté l’action menée par le collectif d’ultra-droite “Les Natifs” », déclare la Municipalité. Ce dernier a recouvert de draps noirs les œuvres de l’artiste Sandra Reinflet exposées à la basilique de Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) dans le cadre de son exposition “Nouvelles Reines” pour les remplacer par des portraits de Jeanne d’Arc, Sainte Geneviève et de Geneviève de Galard, une infirmière militaire française. Dans un communiqué, le collectif estime que celles-ci « mettant en avant des femmes dont certaines sont voilées et de confession musulmane, s’inscrivent dans une démarche qu’il refuse de cautionner ».
La Municipalité dénonce une « tentative de censure » qui « s’attaque non seulement à une œuvre artistique, mais également aux valeurs de diversité et d’ouverture qui fondent l’identité de sa ville ». “Les Natifs” et la Mairie s’accusent mutuellement de vouloir « réécrire l’histoire ». Les premiers estiment ainsi que « cette exposition est un manifeste idéologique », tandis que la seconde juge que le collectif « impose une vision étriquée et fantasmée de l’histoire nationale ». Pour la Mairie de Saint-Denis, « recouvrir ces portraits, c’est vouloir effacer la diversité, la complexité et la richesse de la France d’aujourd’hui ».
Elle rappelle, par ailleurs que ce collectif d’extrême droite s’est « déjà illustré par des actions hostiles envers Aya Nakamura lors des Jeux Olympiques ». Pour rappel, il avait effectivement déployé, sur les quais de Seine à Paris en mars 2024, une banderole visant l’artiste qui était alors pressentie pour chanter lors de la cérémonie d’ouverture. Sur celle-ci, on pouvait lire : « Y’a pas moyen Aya, ici c’est Paris, pas le marché de Bamako ». « Cette récidive montre que nous ne sommes pas seulement face à une provocation isolée, mais à une offensive politique contre le multiculturalisme et le vivre-ensemble », affirme la Ville.
Cette dernière, qui tient à souligner que « l’art et la culture sont des espaces de libertés, pas des champs de bataille idéologique » annonce ainsi qu’elle « va prendre toutes les mesures nécessaires pour que ce type d’acte ne se reproduise pas et pour que Saint-Denis reste une ville ouverte, debout face à la haine ». De son côté, l’artiste Sandra Reinflet a manifesté « sa colère contre cette action » sur ses réseaux sociaux. Elle va porter plainte.
Héloïse Thépaut
Formée à l'ISJT, Héloïse Thépaut est passée par La Tribune et l'Opinion Indépendante avant de rejoindre le Journal Toulousain en 2022.
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