PATAUGEOIRE – Son immense bassin a pendant longtemps détenu le record de plus grande piscine d’Europe. Mais pourquoi la ville s’est-elle taillé une baignoire de géant ? Le JT s’est lancé dans une enquête de terrain. En tenue de camouflage : bikini et bonnet de bain.
C’est au petit matin que la piscine d’été de l’île du Ramier se révèle telle qu’elle est vraiment. Un bassin aux mensurations affolantes : 150 mètres de long sur 50 de large ! Gérard fait partie des premiers arrivés. Il a l’embarras du choix pour l’emplacement de sa serviette. « À cette heure-là, la piscine m’appartient ! Quand je nage, j’ai l’impression d’être en pleine mer », glisse le retraité avant de plonger. Cet habitué des lieux en saurait-il davantage ? « S’ils ont fait un bassin aussi grand c’est pour accueillir le plus de monde possible, il fallait que ça soit rentable », tente-t-il entre deux brasses.
Lætitia n’est pas du même avis. Pour cette baigneuse venue passer la journée avec ses trois enfants, cette piscine gargantuesque est un symbole de Toulouse. « Quand elle a été construite dans les années 1930 par l’architecte Jean Montariol ce n’était pas seulement un lieu de baignade, mais un véritable monument », lance la professeure d’histoire.
Pour vérifier ses dires, direction la bibliothèque du Patrimoine. Le lieu connaît bien Jean Montariol puisque c’est lui qui en fut l’architecte. Sous la coupole, on découvre que, dans les années 1930, Toulouse connut de grands travaux commandités par le maire socialiste, Étienne Billières. À cette époque où la piscine devient « le pivot de l’aménagement urbain », Étienne Billières, lui aussi, « manifeste son intérêt pour le sport et l’hygiène publique », explique l’historien Antoine Le Bas.
Pour permettre à la classe ouvrière d’y avoir accès, Montariol crée le Parc municipal d’hygiène et des sports sur l’île du Ramier. Le lieu se veut ouvert au plus grand nombre et très esthétique. Pour attirer les Toulousains, les attractions ne manquent pas : grande roue mobile, toboggan, cascade, bancs de sable fin… L’immense bassin de plein air inauguré en 1931 est en fait le cœur de ce vaste complexe étendu sur 25 hectares. On y trouve bientôt la piscine d’hiver dans le grand bâtiment à la façade art-déco, un institut d’éducation physique et même un dancing.
« Sur les photos de l’époque, on voit que les Toulousains venaient aussi habillés, juste pour s’y promener, c’était un lieu de vie », confirme le réalisateur Philippe Gracia. En 2013, il a passé plusieurs semaines à Nakache pour tourner son documentaire, ‘’La Municipale’’. « Aujourd’hui encore, plusieurs communautés s’y croisent : les Dauphins du TOEC dans le bassin olympique, les jeunes des quartiers voisins, des familles… » constate-t-il. Malgré toutes ces explications, ses dimensions extraordinaires restent un mystère dont seul Jean Montariol semble avoir la clé. Une énigme qui n’a pas fini de faire couler de l’encre…
Par Maylis Jean-Préau
La rédaction
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