ÉDUCATION – Excédés par le climat de violence qui règne au sein de leur établissement, les enseignants du lycée Gallieni sont mobilisés depuis le 9 janvier pour faire entendre leurs souffrances et demander des solutions concrètes. Axelle Szczygiel
© Franck AlixCris d’animaux incessants pendant les cours, agressions verbales et physiques, incivilités, bagarres permanentes dans les couloirs… Tel est le quotidien au lycée professionnel et technologique Gallieni. « Nous avons plus de 150 élèves qui posent de réels soucis de sécurité et empêchent ceux qui sont motivés de travailler », explique Fabian Bergès, professeur de mathématiques et secrétaire adjoint du syndicat SGEN-CFDT 31. Pour les enseignants, la coupe est pleine. Après une semaine de mobilisation pour dénoncer cette situation – une pétition en ligne a notamment recueilli plus de 7000 signatures – une délégation de professeurs a été reçue mardi au rectorat.
À la sortie, la déception était palpable. Mises à part l’installation de 35 caméras de vidéosurveillance et la tenue prochaine de différentes réunions, « rien ne nous a été proposé sur le court terme », se désole Fabian Bergès. « On nous a promis 2,5 postes d’assistants d’éducation supplémentaires (sur les huit demandés) mais pas avant la rentrée 2018… Il y a pourtant urgence ! » Réclamant toujours plus de moyens humains, l’entrée du lycée dans un dispositif d’éducation prioritaire ou encore une véritable politique de recrutement pour assurer la mixité sociale des élèves, les professeurs de Gallieni envisagent désormais de durcir le mouvement.
Ce lycée toulousain n’est pas un cas isolé. D’après le ministère de l’Éducation nationale, les établissements publics du second degré en France ont déclaré, pour l’année scolaire 2016-2017, un nombre moyen d’incidents graves de 13,8 pour 1 000 élèves (soit plus de 450 chaque jour). « Depuis qu’on mesure ce phénomène dans les années 1990, on n’a pas vu d’explosion quantitative de la violence », nuance toutefois Franck Martin, maître de conférences en sciences de l’éducation à l’École supérieure du professorat et de l’Éducation Toulouse Midi-Pyrénées. « En revanche, il y a eu des changements qualitatifs, avec une concentration de la violence sur certains établissements (les lycées professionnels ont ainsi signalé 25,8 incidents graves pour 1000 élèves en 2016-2017, ndlr) et l’apparition d’agressions visant les enseignants ou l’institution en général. »
Selon ce spécialiste, multiplier les portiques de détection et les caméras de vidéoprotection ne doit pas être une priorité. De même, l’augmentation du nombre d’adultes encadrants et une affectation des élèves mieux réfléchie ne peuvent représenter qu’une partie de la solution. « Toutes les études le prouvent : il faut œuvrer à l’amélioration du climat scolaire. Enseignants, assistants d’éducation, direction, CPE… Tous doivent travailler en équipe, pour qu’il y ait une véritable cohérence éducative au sein de l’établissement. » Franck Martin insiste par ailleurs sur la nécessité d’appliquer strictement le règlement intérieur. « Les élèves repèrent vite ce qui fluctue et ce qui leur semble injuste », explique-t-il. Plus facile à dire qu’à faire ? « À Gallieni, cela ne peut pas suffire », tranche Fabian Bergès. « Un seuil critique a été franchi, il y a trop d’élèves ingérables pour permettre le bon fonctionnement de l’établissement. »
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