Embourbé. Depuis plusieurs semaines, les agriculteurs de Haute-Garonne et du Tarn-et-Garonne se mobilisent contre la nouvelle carte des zones défavorisées. Celle-ci exclut près de la moitié des communes de ces départements. Au-delà des barrages routiers, le JT a cherché à comprendre les raisons de cette contestation et les solutions qui se dessinent. –
Maylis Jean-Préau
« Ça ne m’amuse pas d’aller paralyser Toulouse mais nous n’avons pas le choix : on ne nous écoute pas », lâche Nicolas Artigues, éleveur et secrétaire général des Jeunes Agriculteurs 31. Depuis deux semaines, les agriculteurs de Haute-Garonne et du Tarn-et-Garonne, rejoints par ceux du Tarn et de l’Aude, multiplient les opérations escargot et les barrages routiers, en particulier sur la rocade de Montauban et sur l’A62. Leur objectif ? « Mettre la pression sur le gouvernement » pour défendre les nombreuses communes qui viennent d’être exclues de la nouvelle carte des zones défavorisées.
L’Occitanie est la région la plus impactée par ce zonage, mis en place selon de nouveaux critères européens. « Sur 505 communes classées en zone défavorisée en Haute-Garonne 230 seraient retirées. Cela représente 1,2 million d’euros par an d’aides en moins pour les agriculteurs », précise Christophe Martelet, chef du pôle élevage à la Chambre d’agriculture de la Haute-Garonne. Une délégation venue d’Occitanie a été reçue vendredi 2 février par Stéphane Travert, le ministre de l’Agriculture. Elle demande la prise en compte du critère « paysage » qui permettrait un zonage plus juste. « Dans notre région, il y a beaucoup de bocages, de haies et de petites parcelles qui empêchent d’avoir des rendements importants mais qui sont très intéressants en termes de biodiversité », explique Nicolas Artigues. Les pertes de l’Occitanie se faisant au profit d’autres régions, l’union nationale fait défaut sur ce sujet et les agriculteurs occitans estiment qu’un nouveau rééquilibrage serait nécessaire pour sortir de la crise. « La solution serait de réintégrer des communes occitanes et en d’enlever ailleurs », avance Christophe Martelet.
« Si le ministère ne fait pas évoluer la carte, les petites fermes en polyculture-élevage, déjà très en difficulté à cause des prix d’achat très bas, sont vouées à disparaître », prévient Nicolas Artigues. En effet, le classement en zone défavorisée permet aux éleveurs (exclusivement) de toucher une Indemnité compensatoire de handicaps naturels (ICHN), calculée selon le nombre d’hectares destiné à l’alimentation des animaux. Un montant annuel qui varie de 5 à 15 000€ par exploitation et par an. « Quand on sait que le revenu moyen de la ferme dans le département est inférieur à 10 000€ par an, on comprend mieux l’impact que représente la perte de cette aide. L’idéal serait d’augmenter l’enveloppe globale de l’IHCN », poursuit Christophe Martelet. Le classement en zone défavorisée permet également l’attribution de dotations plus importantes, en particulier pour l’aide à l’installation des jeunes agriculteurs. « Éleveurs ou céréaliers, c’est toute la profession qui est menacée par ce nouveau zonage », assure Arcangelo Zanchetta, céréalier dans le Lauragais venu prêter main-forte à ses confrères.
Selon la délégation, si « la négociation a été extrêmement tendue », il semblerait que les « demandes de critères aient enfin été prises en compte ». Le 7 février au soir, le ministre devrait avoir présenté une nouvelle carte. Les agriculteurs, qui ont bloqué Toulouse toute la journée, jurent qu’ils ne partiront pas sans avoir obtenu une réponse satisfaisante.
« Si le ministère ne fait pas évoluer la carte, les petites fermes en polyculture-élevage sont vouées à disparaître », Nicolas Artigues, secrétaire général JA 31.
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