Décrétée en 2001 par l’ONU, la Journée mondiale des réfugiés qui a lieu le 20 juin fait écho aux millions de vies touchées par ces migrations d’urgence. En France, le sujet est devenu central. Comment sont traitées les demandes de ces exilés qui, après avoir quitté leur pays dans des conditions difficiles, se retrouvent face à l’administration ? C’est ce que le JT a voulu savoir.
Depuis 2001, chaque 20 juin, la Journée mondiale des réfugiés fait ressurgir les débats houleux en matière d’accueil des migrants. En Haute-Garonne, la question interpelle aussi. Il y a trois ans, Christophe Borgel, ancien député socialiste, lançait un appel aux municipalités du département pour accueillir des réfugiés syriens. L’initiative avait trouvé écho dans les communes de Labarthe-sur-Lèze et de Ramonville-Saint-Agne. « Trois ans après, le couple que nous avons installé vit toujours à Labarthe et participe à la vie de la commune », se félicite Yves Cadas, maire de la ville.
À Ramonville, deux logements du parc immobilier municipal avaient été mis à disposition de deux familles. Un couple et ses enfants et leurs trois neveux. « Un des hommes hébergé va pouvoir faire venir sa femme. Ces réfugiés ont reçu des formations à la langue, un accompagnement pour la recherche d’emploi. Nous avons assuré un suivi social très fin. Ce qui est sûr, c’est que l’on veut continuer à développer ce dispositif », avance pour sa part Christophe Lubac, l’édile de Ramonville.
Mais avant d’en arriver-là, le parcours de ces familles reste long et complexe. Depuis 2015 et la réforme sur le droit d’asile, le délai d’instruction des dossiers a été réduit mais pas de manière officielle, et n’atteint pas encore les neuf mois promis par le ministère de l’Intérieur. Pour ces demandeurs d’asile, qui, d’après les chiffres de l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra), seraient passés de 1 151 en 2016 à 1 907 en 2017 en Haute-Garonne, la première étape est de se rendre à Forum Réfugiés, l’association qui gère les démarches administratives des demandeurs d’asile depuis janvier 2017. Car, depuis la réforme, un interlocuteur unique est habilité par l’Office français de l’immigration et de l’intégration (OFII) à effectuer le préaccueil des réfugiés dans l’ex-région Midi-Pyrénées.
Si Jean-François Ploquin, directeur général de la structure affirme qu’un délai d’une semaine est nécessaire pour obtenir un rendez-vous à l’OFII, cette étape ne marque en rien la fin du parcours d’accueil. « Nous assurons un service administratif, juridique et aussi social mais nous ne sommes pas la puissance logeuse », indique-t-il. Pour tout migrant, la question de l’hébergement reste pourtant le premier problème. 2 215 places en centre d’accueil pour demandeurs d’asile (Cada) étaient ouvertes en Occitanie l’an dernier, contre 1 200 il y a trois ans. Avec 350 places, la Haute-Garonne est le département qui en offre le plus.
Et si d’autres structures comme les hébergements d’urgence pour demandeurs d’asile (Huda) peuvent également loger des migrants, la demande s’avère trop forte par rapport au nombre de places. « Le temps de séjour est conditionné par la demande d’asile. Si la personne est déboutée, elle a 30 jours pour quitter le centre. Nous ne pouvons pas faire autrement, sinon le système ne marche plus », souligne Mathias Beaufort, directeur de trois Cada en Haute-Garonne. La suite pour ces déboutés ? La possibilité de faire appel pour voir peut-être le bout du tunnel.
Vanessa Vertus
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