Alors que la deuxième session d’examen vient de débuter, l’université Jean-Jaurès se prépare à une rentrée plus sereine après la longue mobilisation étudiante du printemps dernier. Mais si tout a été mis en œuvre pour effacer les traces visibles du mouvement, toutes les questions sont loin d’être réglées.
Il aura finalement suffi d’un été pour que l’université Jean-Jaurès retrouve toutes ses facultés. Déjà quatre mois ont passé depuis l’évacuation musclée de l’établissement le 9 mai dernier par les forces de l’ordre et la suspension de la mobilisation commune des étudiants, personnels et professeurs de l’université. L’année s’était achevée sous très haute surveillance avec une première session d’examens sous l’œil de vigiles et de maîtres chiens.
En ce lundi 3 septembre, l’ambiance était beaucoup plus calme sur le campus où, à l’exception de certains graffitis, l’essentiel des traces du mouvement ont déjà été effacées. Selon Richard Laganier, toujours administrateur provisoire de l’établissement, « près de 800 000 euros ont été dépensés en travaux de réhabilitation, dont la moitié pour le seul bâtiment de l’Arche ». Des chiffres surestimés pour Farah Deruelle, militante de l’Union des étudiants toulousains (UET) : « Nous avons eu un certain nombre de destructions par les forces de l’ordre elles-mêmes, au moment de l’évacuation. Elles ont défoncé des portes vitrées… ouvertes. »
Après une première session d‘examens en juin, avec des taux de réussite comparables aux années précédentes, une deuxième a démarré lundi et durera jusqu’au 20 septembre prochain. La rentrée des amphithéâtres, elle, aura lieu le 8 octobre. Mais surtout, l’enjeu pour tout le monde est désormais de tenir un processus électoral complet : l’établissement étant toujours sous tutelle, il faut reconstituer l’ensemble des instances chargées du fonctionnement administratif, les ‘’conseils centraux’’.
Le scrutin est prévu les 6 et 7 novembre, suivi le 29 novembre de l’élection du nouveau président. Encore au moins deux mois donc avant de connaître l’issue finale du projet de fusion des universités toulousaines, qui avait mis le feu aux poudres en janvier dernier suspendu de fait depuis le printemps 2018. C’est au final « une victoire pour le mouvement, même si on ne l’a pas assez remarquée », soutient Farah Deruelle, alors qu’au niveau national la mobilisation étudiante n’est pas parvenue à remettre en cause la loi ORE (Orientation et réussite des étudiants).
Reste la question épineuse de Parcoursup, avec 50 000 bacheliers toujours en attente d’orientation au 1er septembre. Sur ce point, Richard Laganier se veut rassurant : « Pour l’heure, nous avons un nombre d’inscrits comparable aux années passées. Ensuite, après discussion avec les équipes pédagogiques, nous avons choisi d’augmenter la capacité d’accueil dans certaines filières en tension, notamment en psychologie (260 places) ou en cinéma avec des moyens supplémentaires débloqués par l’État. »
Des moyens qui pourraient toutefois s’avérer insuffisants selon les membres de l’UET, qui se tiennent prêts pour « permettre à tous de s’inscrire, qu’il s‘agisse des recasés de master, des personnes qui n’ont pas pu suivre la procédure ou d’étudiants étrangers ». Et pour lancer en même temps les thématiques qui occuperont la prochaine campagne électorale de l’automne.
Grégoire Souchay
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