Lancée lors du premier confinement à Toulouse, l’association Belles Gamelles, qui réunit 35 chefs-cuisiniers de la région, et près de 200 bénévoles, prépare des repas sains et équilibrés à destination des plus nécessiteux. Aujourd’hui, le collectif se pérennise et s’installe durablement au MIN de Toulouse.
Mo Bachir de M by Mo, Simon Fétis des Têtes d’ail, Bruno Barthes des Sales Gosses, Maxime Delbosc de La Pergola ou encore Romain Brard du Genty Magre… Ces chefs-cuisiniers se sont regroupés en collectif, aux côtés de 30 autres restaurateurs toulousains, pour consacrer du temps et leur savoir-faire au profit des plus démunis. Ils ont répondu à l’appel de Simon Carlier, chef du Solides, et d’Alexandre Foks, producteur et réalisateur, tous deux cofondateurs de l’association Les Belles Gamelles.
« Nous souhaitons proposer des repas sains, équilibrés et travaillés à ceux qui subissent de plein fouet cette crise sanitaire, qui s’est transformée en crise alimentaire », explique Alexandre Foks. Une façon de rendre leur dignité à ceux à qui elle fait défaut : « Les bénéficiaires se sentent ainsi respectés. Ils ne sont plus obligés de manger seulement des boîtes de thon. » Dans les colis de Belles Gamelles, ce serait plutôt du mulet, accompagné de riz et de ses petits légumes. Une vraie cuisine bistronomique.
Les plats sont élaborés chaque lundi par l’un des 35 chefs engagés dans l’opération ou par le chef permanent de l’association, Pierre Plagnet. Puis, ils sont cuisinés et préparés par ce dernier et sa brigade de bénévoles. 200 au total qui se relaient tous les jours pour confectionner, la plupart du temps, des plats végétariens, afin de tenir compte des différentes populations bénéficiaires. Ce sont ainsi, près de 200 repas par jour qui peuvent être distribués, via les associations d’aide alimentaire.
« Nous essayons de travailler avec plusieurs organisations toulousaines, afin que toutes puissent faire bénéficier leurs protégés de ces bons repas de qualité », précise Alexandre Foks. D’ailleurs, pour la fin de l’année, les Belles Gamelles sont en discussion avec le Secours Populaire pour élaborer un repas de Noël à 500 familles. « Et d’ici janvier, nous espérons pouvoir garantir la livraison de 400 plats aux Restos du Cœur », poursuit-il, ajoutant qu’il souhaiterait, en parallèle, pouvoir travailler avec le Crous de Toulouse afin d’intégrer les étudiants aux destinataires.
Une organisation désormais bien huilée, salariant deux chefs permanents, et une association devenue pérenne au regard des besoins. Mais cela n’a pas toujours été le cas. Au départ, l’initiative était ponctuelle, raconte Alexandre Foks, aujourd’hui directeur des Belles Gamelles : « Tout a commencé dans la salle du Solides, le 23 mars dernier. L’établissement s’apprêtait à fermer ses portes et à se confiner. Simon Carlier, le chef s’est alors rendu compte qu’il lui restait beaucoup de stock de nourriture. Pour ne pas le jeter, il a pensé concocter de bons petits plats à quelques amis soignants et leur livrer à l’hôpital. »
Rapidement, par le bouche à oreilles, les demandes affluent auprès de Simon Carlier. Il a fallu s’organiser. Alexandre Foks, ayant assisté à toute cette émulation, intègre le projet et s’occupe de rallier à leur cause d’autres cuisiniers toulousains de renom, ainsi que de trouver des marchandises. Car, durant trois semaines, l’équipe a livré près de 250 repas par jour au CHU. Puis, les deux fondateurs constatent que, au-delà des besoins des personnels hospitaliers, une crise alimentaire s’installe durablement. De l’amélioration du quotidien des soignants, ils se tournent alors vers l’aide sociale.
Et ce sont 500 repas quotidiens qui sont désormais livrés à la Banque alimentaire et à l’association MI2S. Ces dernières se chargeant d’assurer la distribution aux bénéficiaires. Quant aux matières premières, c’est principalement au Marché d’Intérêt National (MIN) de Toulouse que Les Belles Gamelles se fournissent, glanant les dons des producteurs locaux. Le MIN propose même à l’association de s’installer dans les locaux, vides pendant le premier confinement, de l’école de cuisine. Une aubaine qui permet d’augmenter les cadences. « À la fin de cette période d’isolement, nous avions préparé 20 000 repas et 8 000 sandwichs pour les maraudes et la Sécurité civile », se souvient Alexandre Foks.
Aujourd’hui, alors même que nous vivons un deuxième confinement, Les Belles Gamelles sont ancrées dans le paysage de l’aide alimentaire à Toulouse. L’association a intégré les locaux de l’ancienne Brasserie des Primeurs au MIN, et a investi 60 000 euros dans une cuisine lui permettant d’assurer sa mission, maintenant durable. « De plus en plus de personnes sollicitent un soutien alimentaire. Ce n’est pas le moment d’arrêter, bien au contraire », lance Alexandre Foks, qui anticipe une aggravation de la précarité.
Désormais, le collectif bénéficie de subventions régionales, départementales et municipales et de dons de producteurs comme de restaurateurs. Mais ce soutien ne suffit pas à garantir l’achat de marchandises pour préparer les 200 repas quotidiens. Alors, Les Belles Gamelles ont lancé une opération de financement participatif sur le site Hello Asso, qui permettra à l’association de financer une aide alimentaire digne.
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