Auticonsult oeuvre pour l’emploi des personnes autistes et vient d’ouvrir sa seconde agence en France. Et c’est à Toulouse que cette entreprise de services du numérique a choisi de s’installer en février dernier. Elle compte parmi ses clients Airbus ou encore le Cnes. De quoi casser les préjugés sur l’autisme.
Auticonsult oeuvre pour l’emploi des personnes autistesFiliale du groupe international Auticon, Auticonsult est une entreprise qui propose des prestations de services du numérique (ESN) comme la data ou la cybersécurité. Sa particularité ? Ses consultants sont autistes de haut niveau ou Asperger. Basée à Paris pour sa branche française, la société a ouvert sa première agence régionale à Toulouse, en février dernier. Elle compte déjà parmi ses clients Airbus, le Cnes, Vialendys ou encore Stella Aerospace.
Des entreprises qui ont été plutôt difficiles à convaincre au début. « Les personnes que nous avons rencontrées n’étaient pas habituées à entendre que la différence cognitive pouvait être un levier d’innovation », observe Gabrielle Blinet, la responsable Sud-Ouest.
De plus, elles se demandaient si les travailleurs d’Auticonsult pouvaient intégrer le quota de personnes handicapées obligatoire à toute structure de plus de 20 salariés. « Et la réponse est non, car nous ne sommes pas une entreprise adaptée. Il a donc fallu convaincre de l’intérêt de faire appel à des autistes sans pour autant pouvoir les déclarer travailleurs handicapés », déplore Gabrielle Blinet.
Mais finalement, ce sont les aptitudes typiquement autistiques de précision et de réflexion qui ont désuit les clients. Les autistes de haut niveau ou Asperger disposent de qualités très recherchées dans le domaine de l’innovation technologique : « La reconnaissance de patterns, l’analyse logico-mathématique dénuée de biais, une concentration et une persévérance dans leurs champs d’appétences, une acuité naturelle aux erreurs et aux écarts, des capacités d’apprentissage rapide en autodidacte », énumère la responsable.
Pour que les employés se sentent à l’aise dans leur mission, Auticonsult leur propose un suivi dès leur entrée dans l’entreprise à l’aide de job coachs, majoritairement psychologues du travail ou cliniciens. À Toulouse, c’est Odanna Piana qui officie : « J’aime bien dire que je suis leur traductrice. Parfois, les autistes présentent des difficultés d’interaction sociale, je fais donc l’intermédiaire entre les clients et nos consultants. Je les aide à interpréter certaines situations qu’ils ne comprennent pas forcément. »
Un accompagnement qui offre aux consultants autistes l’opportunité de s’épanouir et de prendre confiance en eux : « J’ai réalisé deux choses : que j’ai des compétences recherchées par les grandes entreprises, et que je peux travailler et me plaire au sein d’une équipe. En plus, pour m’assurer un environnement professionnel serein, ma coach m’aide directement en cas de situations difficiles et me permet surtout de maîtriser mon angoisse au quotidien », témoigne Sébastien Maîtrehenry, consultant Auticonsult.
« De manière classique, un entretien d’embauche est très discriminant pour les autistes, car cela demande l’interprétation d’un jeu social et la capacité à se valoriser, ce qui leur est très difficile », constate Odanna Piana. C’est pourquoi Auticonsult recrute différemment, au travers d’un processus en trois étapes : d’abord un échange informel, durant lequel la job coach explique le modèle de l’entreprise et le métier de consultant, et où le candidat présente son parcours. Ensuite, une journée d’analyse des compétences a lieu avec des tests cognitifs adaptés aux personnes autistes, et des évaluations techniques. « Nous terminons par une semaine de séminaire, avec des exercices de groupe par exemple. C’est aussi l’occasion de mieux connaître les candidats pour savoir si oui ou non, l’accompagnement que nous proposons peut leur être utile », précise la job coach.
Et l’agence de Toulouse recrute en ce moment même.
Une réussite pour Auticonsult, mais qui n’est pas suffisante pour la responsable Sud-Ouest, Gabrielle Blinet : « On nous demande encore si les consultants n’ont pas de comportements violents où s’ils savent parler. Serait-il enfin possible de commencer à concevoir l’autisme non plus comme une maladie, mais comme une différence cognitive ? » lance-t-elle pour conclure.
Cassandre Barrau
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