Leur nombre se réduit, mais des victimes de la catastrophe d’AZF se déclarent encore, 20 ans après l’explosion de l’usine. Il leur est difficile maintenant d’apporter les preuves nécessaires à la constitution d’un dossier, mais l’association des Sinistrés du 21 septembre les accompagne.
« Tous les matins, lorsque je mets mes appareils auditifs, je mets un bout d’AZF dans mes oreilles. » Un geste anodin, qui rappelle quotidiennement à Pauline Miranda ce 21 septembre 2001. Ce jour-là, à 10h17, le hangar 221 de l’usine explose, faisant 31 morts et des milliers de victimes. Dont Pauline Miranda, aujourd’hui présidente de l’association des Sinistrés du 21 septembre 2001.
Elle se trouvait dans sa voiture, à 200 mètres à vol d’oiseau de l’usine quand le drame a eu lieu. Reconnue en tant que victime, elle a été indemnisée sans difficulté. Comme elle, près de 18 000 personnes l’ont été via le cabinet d’avocats Monferran, en charge de l’indemnisation pour Total, et plus de 10 000 par l’assurance maladie. Mais, 20 ans après la catastrophe, de nouveaux dossiers continuent d’être déposés.
« Il s’agit de gens qui se trouvaient à proximité d’AZF, et qui n’ont pas présenté de blessures visibles. Seulement, 5 ou 10 ans après, les symptômes sont apparus. Souvent auditifs », explique Pauline Miranda. À elle seule, l’association des Sinistrés du 21 septembre 2001 a constitué une vingtaine de dossiers depuis 2014. Tous ont été refusés. Malgré les certificats médicaux, les suivis d’hospitalisation…
« Depuis qu’il a été condamné en 2017, le groupe Total a serré la vis. Les dossiers ne sont plus traités à l’amiable, mais renvoyés devant un tribunal et un expert judiciaire », précise la présidente de l’association. Ce dernier a d’ailleurs débouté les cinq dossiers soutenus par Pauline Miranda cette année. « L’un des dépositaires, qui travaillait dans l’usine voisine lors de l’explosion, a pourtant perdu 40 % de son audition, audiogramme à l’appui. Mais l’expert lui a affirmé, au contraire, qu’il n’y avait aucun problème. C’est à n’y rien comprendre », lance-t-elle.
Des dossiers qui n’aboutiront pas, mais qui nécessitent beaucoup d’énergie et d’argent comme le fait remarquer la présidente de l’association : « Il y a encore de nombreuses victimes qui restent invisibles, car elles ne souhaitent pas, ou ne peuvent pas, investir près de 5 000 euros dans une procédure judiciaire. »
Tout aussi coûteux, mais plus facile à défendre, les dossiers en aggravation, pour lesquels les victimes ont déjà perçu des indemnités mais dont l’état de santé a empiré. Les Sinistrés du 21 septembre 2001 en ont soutenu cinq cette année. « Ici, les victimes sont déjà reconnues et nous avons la possibilité de choisir notre expert », confesse Pauline Miranda. Également sur son bureau, deux dossiers d’indemnisation pour la perte de points pour la retraite suite à un arrêt maladie ou de travail lié à l’explosion.
Des batailles à mener encore 20 ans après le drame, qui s’avèrent souvent décourageantes. Mais quelques victoires permettent encore de garder espoir. « En décembre dernier, un homme qui travaillait dans une usine attenante à celle d’AZF, a été reconnu en tant que victime et a été indemnisé pour sa perte d’audition », se félicite la présidente de l’association.
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