Par Michael Ducousso
PATRIMOINE – C’est sans doute l’un des édifices les plus importants de Toulouse. Pourtant, il a très vite été abandonné et aurait pu finir en ruine, sans l’intervention du destin.
Au bout du Pont-Neuf, on peut difficilement manquer l’édifice de 30 mètres de haut qui accueille les visiteurs sur la rive gauche de la Garonne. S’il n’était pas fait de briques roses, on pourrait presque le prendre pour un phare. Mais le fleuve n’est pas vraiment connu pour ses récifs meurtriers ni pour ses marins intrépides.
À la pointe du progrès en 1825
En réalité, ce bâtiment a été placé là au XIXe siècle pour fournir de l’eau potable aux Toulousains. Depuis la fin de l’ère romaine, cela a été une préoccupation majeure des autorités, peu rassurées par les eaux douteuses tirées des puits domestiques et issues de la Garonne. Mais il a fallu attendre la mort du Capitoul Charles Laganne, en 1789, pour pallier le problème. Dans son testament, il céda 50 000 francs à la ville pour y « introduire les eaux de la Garonne » assainies et potables. Malgré ce legs, le projet du château d’eau ne sera validé qu’après la Révolution, en 1817, et le chantier se terminera en 1925. Vanté par les architectes de l’époque pour « son aspect de solidité qui satisfait l’œil et l’esprit », le bâtiment plaît moins aux Toulousains, alors même qu’il leur rend de grands services. À cette période, le château distribue, chaque jour, près de 4000 m3 d’eau à 60 000 habitants. Une eau directement pompée dans la Garonne et épurée grâce aux filtres placés dans la prairie voisine – la fameuse Prairie des filtres. Ce système sera cependant abandonné dès 1870 faute de pouvoir alimenter suffisamment de fontaines et de foyers.
La renaissance grâce à la photo
Propriété de la mairie, l’édifice finira par servir de débarras aux cantonniers, jusqu’à ce que Jean Dieuzaide se promène dans le coin. Laurence Mellies, qui travaille à la galerie photographique fondée par ce dernier, rapporte : « Il racontait qu’il cherchait un lieu pour promouvoir la photographie et, en se baladant, il est tombé sur ce vieux bâtiment. Il disait que c’était le fruit du hasard, mais, en tant que Toulousain, il connaissait sans doute le Château d’eau qui avait tout ce qu’il fallait pour faire une belle galerie. » Pierre Baudis devait partager cet avis puisqu’il autorise l’artiste à y installer, en 1974, « la plus ancienne institution publique de France exclusivement consacrée à la photographie ». Certains diront que c’est un coup de chance pour un édifice voué à l’oubli. Jean Dieuzaide y voyait plutôt le signe du destin. Laurence Mellies précise : « Il disait qu’il avait été construit la même année que la naissance de la photographie ». Ce n’est pas tout à fait exact, mais cela contribue à la légende de ce bâtiment, aujourd’hui classé monument historique.
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Commentaires
masdazil le 10/03/2025 à 21:11
Comment fait-elle l'eau pour monter au sommet du château d'eau?