CONTRIBUTION. Suite à l’appel à projets lancé par le CNRS au lendemain des attentats de Paris, la communauté scientifique s’est mobilisée pour ouvrir de nouvelles pistes de réflexion face au terrorisme et à ses conséquences. Et les chercheurs toulousains sont au rendez-vous.
©GyrostatEt si l’espoir venait de la science ? Alors qu’un certain fatalisme règne sur la question du terrorisme et que le flou entoure les réponses politiques à l’image des doutes émis sur l’état d’urgence, les chercheurs se sont en effet emparés du sujet. Dès le 20 novembre 2015, soit une semaine après les attentats de Paris, Alain Fuchs, le directeur du CNRS, lançait un appel à projets « sur tous les sujets pouvant relever des questions posées par les attentats et leurs conséquences. » Le temps de la recherche n’est pas celui de la politique et il aura donc fallu attendre un an pour en connaître les premiers effets.
Une chose est sûre, la mobilisation a été entendue. Plus de 200 projets ont été présentés parmi lesquels 53 ont été retenus et financés à hauteur de 5 000 à 30 000 euros chacun. Quatre programmes toulousains font partie des heureux élus et représentent parfaitement la diversité des champs explorés avec des travaux sur la détection de résidus d’explosifs à base de chimie verte, sur l’optimisation des témoignages, la négociation en situation extrême et enfin sur l’action publique antiterroriste.
Pour la plupart, les scientifiques travaillaient déjà sur ces problématiques mais tous saluent la démarche révolutionnaire du CNRS qui a polarisé tous ces projets autour d’un thème unique.
C’est le cas d’Alexandra Ter Halle qui, avec son collègue Émile Perez, travaille depuis plusieurs années sur un capteur fabriqué dans un matériau spécial : un organogel poreux qui permet de capter les odeurs environnantes. « On s’en sert notamment pour piéger des polluants présents dans l’environnement mais il est important en recherche de ne pas se fixer de limites sur les utilisations. Ainsi, quand l’appel du CNRS est arrivé, nous avons pensé que nous pouvions aussi détecter les résidus d’explosifs », explique la chercheuse de l’Université Paul Sabatier. Même s’il ne souhaite pas encore divulguer dans le détail le fruit de ses travaux, Pascal Marchand, directeur du Laboratoire d’études et de recherches appliquées en sciences sociales (Lerass), a mis au point un logiciel d’analyse du discours qui a fortement intéressé le RAID pour des négociations en situation extrême.
Une restitution des projets aura lieu à Paris le 28 novembre. Il faudra encore quelques années pour les voir réellement aboutir mais la dynamique est lancée. « C’est très réjouissant de travailler sur un projet avec une utilité à court terme pour la société. Que la science apporte des solutions concrètes, cela peut faire en sorte qu’il y ait moins de fatalisme. C’est formidable », estime Alexandra Ter Halle.
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