Sénateur de la Haute-Garonne, vice-président de la commission des finances, le socialiste Claude Raynal est au cœur des débats sur le sauvetage de l’économie, à travers les discussions sur le Projet de loi de finances rectificatives (PLFR). Il répond aux questions du Journal Toulousain.
Durant le confinement, comment s’est déroulée l’activité parlementaire ?
Elle a été forcément réduite et les choses se sont organisées différemment. Comme tous les parlementaires, et qui plus est en tant que vice-président de la commission des finances du Sénat investi dans le Projet de loi de finances rectificatives (PLFR), j’ai été sollicité par les entreprises, ou des secteurs d’activité tout entier, pour faire remonter aux cabinets ministériels, voire directement aux ministres, leurs difficultés qui sont nombreuses en ce moment.
Quel est votre regard sur l’action du gouvernement pour aider les entreprises ?
Je ne suis pas le dernier à être furieux quant à la gestion sanitaire de la crise par le gouvernement, notamment avec ce mensonge inutile sur les masques… Mais en ce qui concerne les mesures économiques, il n’y a pas lieu d’être dans la polémique. Le premier PLFR, préparé dans l’urgence absolue était largement insuffisant et donc à améliorer. Ce qui a été le cas avec un deuxième projet qui commence à cerner les vrais sujets. Les ministères ont corrigé très vite leur copie, ce qui est rare en temps normal. Nous observons une agilité du système assez inédite avec des ajustements rapides quand cela est nécessaire.
Sur quels points par exemple ?
Notamment sur l’accès au fonds de solidarité qui excluait trop d’entreprises. De même, des ordonnances ont permis de lever des contraintes devenues insupportables pour accéder au fonds de chômage partiel. Toutes ces demandes venues du terrain ont été prises en compte en quelques semaines. Il existe encore des trous dans la raquette mais qui relèvent de situations particulières.
Sur la question du ”paiement de la crise”, en revanche, votre opinion diverge.
Le premier a dégainer sur le sujet a été le Medef, avec une proposition qui revenait purement et simplement à enlever tous les droits sociaux. Ensuite, c’est la Secrétaire d’Etat auprès du ministère de l’Economie, Agnès Pannier-Runacher, qui lui a emboîté le pas en disant qu’il faudra travailler plus. Et enfin, Bruno Le Maire, ministre de l’Economie et des Finances, qui a évoqué la nécessité de baisser la dépense publique alors que celle-ci a bêtement été sacrifiée depuis plusieurs années, comme cela a été le cas dans le domaine de la santé.
Le groupe socialiste au Sénat estime qu’il est temps d’avoir une vision plus équilibrée et concrétiser enfin le fameux « en même temps ». Ce n’est pas en faisant payer uniquement les salariés que nous sauverons l’économie. Il faut, bien sûr, une participation des plus fortunés d’entre nous, à travers une taxation exceptionnelle du capital. De même, les entreprises qui bénéficient aujourd’hui d’aides devront demain participer à l’effort. C’est tout le débat du déconfinement : comment enfin mieux répartir les richesses ? Personnellement, je ne crois pas que les choses redémarreront comme si rien ne s’était passé.
Sur le plan local, la situation dans laquelle se trouve Airbus vous inquiète-t-elle ?
Il s’agit d’un sujet gravissime. La clientèle de base ne remettra pas de si tôt les pieds dans un avion et les compagnies aériennes, elles, sont, grandement fragilisées. C’est tout l’équilibre de la chaîne aéronautique qui se délite. Il faudra un temps fou au secteur pour se relever mais pour autant, il y aura toujours besoin d’avions.
Plus généralement, quelles peuvent être les conséquences pour Toulouse et des projets comme la troisième ligne de métro ?
A court terme, il est clair que le financement de la troisième ligne de métro, auquel je ne croyais déjà pas beaucoup, est fortement remis en cause. Non seulement, la participation des entreprises, à travers le Versement transport, va être violemment réduite à cause du chômage technique et des plans de licenciement qui ont déjà commencé. Mais la billetterie de Tisséo, qui subit déjà une forte une forte baisse, va être durablement impactée par la peur des transports publics. Il me paraît clair, au vu de cette nouvelle prospective financière, que le projet ne peut être que retardé.
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