Gilets jaunes, Covid, confinements, pass sanitaire… Le Journal Toulousain donne la parole à des commerçants du centre-ville de Toulouse pour faire le point sur leur situation.
Gilets jaunes, Covid, confinements, pass sanitaire… De nombreux événements successifs sont venus perturber l’activité des commerçants ces deux dernières années. Le Journal Toulousain leur donne la parole pour faire le point sur leur situation et les problématiques auxquelles ils sont confrontés au quotidien.
Olivier Touzet, gérant des boutiques de prêt-à-porter Le Repère, rue Baronie à Toulouse, a ouvert sa première enseigne il y a neuf ans. Il se rappelle des manifestations des gilets jaunes et de celles concernant les retraites, pendant lesquelles “les lycéens cassaient tout” ; il a dû fermer boutique pendant plus de 4 mois en tout, depuis mars 2020, à cause de la Covid, et se voit maintenant contraint de “réduire la voilure” malgré les aides de l’Etat.
“Si l’on compare le chiffre d’affaire de samedi dernier, le 17 juillet, lors de la manifestation anti pass sanitaire, on est à 4 000 euros contre 12 000 le même jour l’année dernière, en 2020. Le centre-ville de Toulouse, le samedi, n’est plus du tout attractif”. Selon lui, la fréquentation est “catastrophique”, malgré une reprise le 15 mai dernier : “La deuxième quinzaine de juin n’a pas été bonne, et l’avancée des soldes n’a servi à rien”.
Ses quatre employés ont décidé de se faire vacciner de leur propre initiative : “Nous ne leur avons rien imposé, ils ont compris qu’ils étaient confrontés à voir du monde, servir les clients, et qu’il fallait minimiser les risques”.
Pour Olivier Touzet, certaines contraintes sont devenues “une routine”. Jauge, affichage, gestes barrières… La Fédération des commerçants de Toulouse avait publié le protocole précisant les engagements nécessaires à la réouverture des commerces, le 19 mai dernier. “Nous portons le masque depuis un an et demi, nous l’imposons à nos clients depuis l’été dernier. Nous utilisons du gel hydroalcoolique, une centrale vapeur pour nettoyer les vêtements, nous ventilons les boutiques et respectons les règles d’hygiène. Nous ne pouvons pas nous permettre d’avoir des employés malades”.
Mais l’une des plus grandes difficultés pour lui reste le paiement des loyers, “très chers dans le centre de Toulouse” : “Nous avons eu quelques facilités de paiement, mais nous devons prendre des mesures pour rester présents dans les mois à venir. Nous pensons fermer l’une de nos boutiques, et nous serons amenés à licencier. On se bat, mais on ne sait pas ce qu’il va se passer, c’est compliqué de se projeter. Une chose est sûre : lorsqu’il y a une manifestation dans le centre-ville, cela nous ampute de plus de 50% de notre chiffre d’affaire”.
Sur la rue d’Alsace-Lorraine, le bilan est plutôt positif pour Tibo Bailly, gérant de l’enseigne Nicolas. “Pendant la période des gilets jaunes, nous avons morflé ; nous avions parfois l’obligation de fermer”, se souvient-il. “L’année 2020 a bien entendu été assez compliquée, mais nous avons rouvert dès le mois d’avril car nous avons été considérés comme un magasin essentiel. Nous nous sommes rattrapés. Nous avons quasiment retrouvé l’équilibre, ce qui est exceptionnel pour une telle année!” Pendant la dernière période de confinement, presque toutes les boutiques de cette rue très commerçante étaient fermées, “à part Monoprix et moi”, explique Tibo Bailly. “Nous avons bien travaillé. Les bars et restaurants étaient fermés, mais pas nous : cela s’est répercuté sur le réseau des cavistes”. Vacciné, le gérant “attend de voir” comment évoluent les contraintes sanitaires pour les commerces.
Etablie depuis deux mois au sein de la galerie commerciale Saint-Georges, l’enseigne Silver Smok, un magasin de cigarettes électroniques, emploie deux salariés, dont Antoine Jacob. “Samedi dernier, le 17 juillet, la grosse manifestation à Toulouse contre le pass sanitaire ne nous a pas impactés. Les forces de l’ordre bloquaient les rues, et il est vrai que ces manifestations pourraient engendrer des débordements jusqu’à Saint-Georges. Pour l’instant, nous avons pour consigne de rester ouverts”. Concernant la vaccination, cela passe mal pour Antoine Jacob et son coéquipier : “En tant qu’employés au sein de la galerie, nous avons l’obligation de nous faire vacciner ou de faire un test PCR tous les deux jours. C’est embêtant, personnellement je n’avais pas envie de me faire vacciner. On n’a pas l’impression d’être dans notre droit. La question s’est posée de démissionner, mais il nous faut bien gagner de l’argent et travailler… Si au 1er août, je n’ai pas reçu ma première dose, je serai enlevé des plannings et ne pourrai plus travailler. Nous n’avons pas le choix, et n’avons pas notre mot à dire malheureusement…”
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