Se présenter à un examen sans pouvoir le préparer. Voilà le sort des apprentis conducteurs qui peuvent encore passer le permis alors que les auto-écoles sont fermées à cause du confinement. Une situation « ubuesque » dénoncée par les formateurs.
Depuis le vendredi 30 octobre, les auto-écoles, des entreprises accueillant du public considérées comme non-essentielles, sont soumises à une fermeture administrative, dans le cadre de la mesure de confinement national décidée par le gouvernement. Néanmoins, afin d’éviter l’embouteillage sur les listes d’attente au moment de la reprise d’activité, comme ce fut le cas au printemps dernier, le gouvernement a décidé de maintenir les examens. Une situation jugée « ubuesque »» par Yann Thomas, président régional du Conseil national des professions de l’automobile (CNPA), en charge de l’éducation et de la sécurité routière en Occitanie.
« Comment peut-on imaginer qu’un jeune qui n’a pas pu suivre une formation, qui dure normalement une vingtaine d’heures, puisse se présenter à l’examen ? C’est tout simplement impossible », s’insurge le représentant local qui s’inquiète, en premier lieu, des conséquences en matière de sécurité routière. « En tant que formateurs, on nous demande de préparer un jeune qui n’a jamais touché un véhicule à rouler en toute sécurité avec d’autres usagers. Sans une formation correcte, nous avons peur que l’élève aille au carton après l’examen. Il ne va pas mourir du Covid-19, mais d’un accident de la route », argumente-t-il. Un impact qui ne se mesurera, d’après lui, que dans deux ou trois ans.
D’autant plus que les cours de conduite, selon Yann Thomas, ne sont pas incompatibles avec le respect des mesures sanitaires. En effet, celui-ci rappelle que les véhicules sont désinfectés après chaque séance, que le formateur comme l’élève portent un masque et, enfin, que les leçons se déroulent avec les vitres arrières ouvertes. Les cours de code pouvant, eux, être assurés par visioconférence. « Aucun cluster n’a été signalé dans un centre de formation », précise Yann Thomas, qui est également propriétaire de deux écoles de conduite à Toulouse. Celui-ci déplore même une incohérence dans les mesures gouvernementales : « Le jour de l’examen, nous sommes trois dans la voiture. Alors que durant les cours, nous ne sommes que deux. »
Plongés dans la confusion, les professionnels de la conduite ont interpellé le ministre de l’intérieur, leur ministre de tutelle, afin que celui-ci se positionne plus clairement. « Soit on ouvre, soit on ferme. Nous sommes dans une situation qui n’admet que du tout ou rien », tranche le représentant local qui s’attend plus à une suspension des examens qu’a un reprise des cours. « D’une certaine manière, c’est plus simple de tout arrêter. Mais ça va être très compliqué pour nous si le confinement dure jusqu’à décembre. Nous sommes de toutes petites entreprises et, bien que nous ne fassions plus de chiffre d’affaires, nous continuons de payer des charges. Les loyers de nos locaux, mais aussi ceux de nos voitures, qui sont immobilisées », ajoute Yann Thomas. À l’heure actuelle, le gouvernement n’a pas répondu aux sollicitations des moniteurs de conduite.
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