Filiale du Cnes, l’entreprise toulousaine CLS développe des technologies par satellites qui pourraient révolutionner l’état des connaissances sur la biodiversité.
Les annonces de l’entreprise CLS (pour Collecte Localisation Satellites) au Congrès mondial de la nature de Marseille ne sont pas passées inaperçues, ce mercredi 8 septembre. Cette filiale du Cnes, à Toulouse, est l’opérateur historique des fameuses balises Argos, qui, depuis plus de 40 ans, fournissent des données par satellites, destinées à la surveillance environnementale. Elle se lance à présent dans le développement de nouvelles technologies capables de « métamorphoser la connaissance de la biodiversité depuis l’espace ». « Nous avons mobilisé d’importants moyens pour démultiplier le nombre et la finesse de nos données. Cela permettra aux scientifiques d’émettre davantage d’hypothèses et de prendre plus rapidement des décisions », résume Christel Delmas, responsable des applications de suivi des animaux par satellite. Elle vient de présenter en détail aux conférenciers marseillais deux programmes qui illustrent parfaitement ce bond en avant technologique.
Le principe du premier d’entre eux, baptisé Sisma, est de doter d’intelligence artificielle les balises Argos placées sur des rennes de Yakoutie. « Elles sont logées dans des colliers qui nous permettent désormais de détecter les comportements de l’animal. Nous savons ainsi s’il dort, court, mange ou s’il est en état de stress », explique Christel Delmas. Des données qui doivent permettre d’endiguer la chute de cette espèce, dont le nombre des membres a reculé de 60% en 20 ans, dans le Nord de la Russie. En outre, ce système global d’informations devient financièrement accessible : « La fabrication à grande échelle de ces colliers réduit leur coût à l’unité ». Et, à partir de 2023, la constellation de satellite Kinéïs, lancée par le Cnes, permettra de suivre chaque mois plusieurs centaines de milliers d’animaux, contre 8 000 aujourd’hui.
Le programme Migr-Safe suscite tout autant l’intérêt des chercheurs. Il s’agit d’une plateforme de partage de données à grande échelle d’animaux équipés de balises Argos. De quoi faire gagner un temps précieux aux chercheurs : alors qu’il leur fallait auparavant 10 ans pour reconstituer une route migratoire, aujourd’hui 10 minutes de requêtes leur suffisent. La miniaturisation des émetteurs, permet, quant à elle, d’aller plus loin dans la sauvegarde du vivant. « Les balises ne pèseront bientôt plus que quelques milligrammes, pour équiper de tout petits animaux ». Déjà, des oiseaux de 67 grammes peuvent être suivis à la trace depuis l’espace.
Forte de ces avancées, Christel Delmas se dit « très optimiste ». « Il y a une vraie prise de conscience, les collaborations internationales se multiplient… grâce à ces outils, je crois que nous seront bien plus efficace pour protéger la biodiversité ».
Philippe Salvador
Philippe Salvador a été reporter radio pendant quinze ans, à Toulouse et à Paris, pour Sud Radio, Radio France, RTL, RMC et BFM Business. Après avoir été correspondant de BFMTV à Marseille, il est revenu à Toulouse pour cofonder le magazine Boudu.
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