Hydrocarbures. Voilà six ans que Toulouse Métropole (Grand Toulouse à l’époque) a racheté une station-service à Cugnaux, et voilà six ans que les riverains attendent une dépollution des sols. Un sentiment de tromperie prévaut des deux côtés.
En 2010, le Grand Toulouse rachetait à son propriétaire, la station-service située avenue de Toulouse pour ensuite céder le terrain à un promoteur immobilier. Outre les questionnements sur la transaction même qui, semble-t-il, comporterait des clauses pour le moins douteuses, les riverains s’interrogent quant à la dépollution du site : « Cela fait maintenant six ans que l’intercommunalité a acheté ce site et jusqu’au mois dernier, aucun travaux n’y avait été effectué malgré un arrêté préfectoral », commente l’avocat de deux des riverains dont les maisons sont attenantes à la station-service. Ces derniers ont demandé, le 5 février dernier, une expertise préventive auprès du tribunal administratif de Toulouse afin de prélever des éléments démontrant la pollution du site et constater l’état du bâtiment avant transformation de celui-ci. « Et comme par hasard, alors que rien n’a bougé depuis 2010, les travaux de démolition ont débuté le 26 février. L’expertise aura lieu mais les lieux ayant déjà été transformés, cela ne servira à rien ! » poursuit l’avocat. Pour Michel Aujoulat, premier adjoint de Cugnaux et vice-président de Toulouse Métropole, « la destruction du bâtiment ne gêne en rien l’étude des sols. Les riverains craignent que nous éliminions les sources de pollution mais ce n’est pas le cas, nous nous sommes contentés de raser la station mais avons stoppé tous les travaux dès que nous avons eu vent du référé en cours. » Ainsi, les cuves, l’installation sous-terraine et les sols n’auraient pas été touchés.
« Il faut agir vite, la santé de leurs concitoyens étant en jeu »
Car les riverains ont besoin de faire constater la pollution du site, l’un d’entre eux tentant de faire établir un lien entre les hydrocarbures et la déclaration de sa maladie de Parkinson, les autres souhaitant que leurs sols, également contaminés soient débarrassés des polluants. L’impatience est palpable et les habitants de Cugnaux, voisins de la station-service, réclament une action rapide de Toulouse Métropole. « Je rappelle que l’équipe actuelle de la collectivité n’est en place que depuis 2014. C’est en réalité sous la mandature de Pierre Cohen, que les élus ont fait traîner les choses, ne souhaitant pas s’occuper de ce dossier gênant, dont les modalités d’acquisition restent discutables, et nous laissant le soin de nous débrouiller avec maintenant », signale Michel Aujoulat. Lui, s’indigne de voir tant de battage alors que le permis de démolir a été déposé et accepté le 2 décembre dernier et que celui-ci a été affiché publiquement pendant deux mois : « Pourquoi attendre le dernier moment pour déposer un référé ? » Mais justement, au regard du permis, « nous constatons que seuls la démolition et le démantèlement des cuves y sont inscrits. Quid de la dépollution ? Quand vont-ils comprendre qu’il faut agir vite, la santé de leurs concitoyens étant en jeu ? » peste l’avocat des riverains. « Nous attendons que les nouvelles expertises se terminent », répond l’élu de Cugnaux, « je pense que la dépollution totale pourra débuter fin 2016, si aucune autre procédure ne vient rallonger le délai ! »
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Severine Sarrat
Au journal depuis 2008, elle en connaît tous les rouages. D’abord journaliste polyvalente, puis responsable des pages économiques, elle est aujourd’hui rédactrice en chef.
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