La Chambre d’agriculture d’Occitanie dénonce des raccourcis dans les conclusions de la dernière étude publiée par Atmo Occitanie sur la présence de produits phytosanitaires dans l’air.
Les élus de la Chambre régionale d’agriculture d’Occitanie n’ont pas vraiment apprécié le traitement médiatique de la dernière étude de l’agence de la qualité de l’air Atmo Occitanie. « J’ai lu des articles délirants, qui avait de quoi affoler la population », témoigne Pierre Colin, référent Qualité de l’air à la Chambre d’agriculture de l’Hérault. C’était le 9 novembre dernier, à l’occasion de la publication des résultats de la campagne exploratoire de surveillance des produits phytosanitaires dans l’air, pilotée par l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses). Les mesures ont révélé la présence de 110 pesticides différents, en 2018 et 2019, sur 9 sites répartis sur la région. Les molécules et les concentrations variant selon les zones agricoles ou urbaines.
La Chambre dénonce « les raccourcis faits en guise de conclusions de cette étude ». Et estime que les éléments explicatifs n’ont pas été suffisamment mis en avant. « Ce sont des sujets très techniques, qui demandent un effort de compréhension. Lorsque l’on vous montre un graphique avec une courbe qui grimpe en flèche, cela peut donner lieu ensuite à des articles de presse alarmants. Or, il faut savoir à quelle échelle on se situe », fait remarquer Pierre Colin. Celui-ci prend pour exemple celle du nanogramme, qui représente « un grain sur un million de wagons de 50 tonnes de blés ». « Ce n’est pas en faisant peur aux gens que l’on répond au principe de vérité et à la notion de progrès », insiste le spécialiste.
La Chambre d’agriculture d’Occitanie regrette également qu’Atmo n’ait pas davantage souligné la forte incidence des conditions météorologiques sur l’utilisation des produits phytosanitaires. « Nous subissons les effets collatéraux du réchauffement climatique, avec des épisodes qui impactent de plus en plus la nature. Et nous ne soignons la plante que lorsqu’elle est malade, de manière sporadique. Comme lorsque l’on prend un médicament contre un rhume », compare encore Pierre Colin. Et de rappeler l’observation d’une stricte réglementation en la matière, qui s’enrichit d’année en année, l’existence de chartes d’engagements validées par les préfets, le nombre croissant d’exploitations agricoles certifiées haute valeur environnementale, ou le fait que l’Occitanie est la première région bio de France. « Tout cela, on n’en parle pas. Et les agriculteurs qui font des démarches vertueuses, contraignantes et coûteuses, ont un sentiment d’injustice et sont découragés. Je crains que nous entrions dans une nouvelle période d’agribashing », confie Pierre Colin.
De son côté, Régine Lange, vice-présidente d’Atmo Occitanie, se défend de tout parti pris : “Nous avons une obligation de transparence, de rigueur, de neutralité et d’objectivité, quelles que soient les thématiques que nous abordons.” En charge de la présentation de l’étude dont les conclusions sont dénoncée par la Chambre d’agriculture d’Occitanie, elle assure avoir pris toutes les précautions oratoires. “J’ai insisté sur le fait que nous n’étions pas là pour évoquer la dangerosité des produits phytosanitaires ou leur provenance. Ainsi que sur les aléas climatique et le contexte de cette campagne exploratoire”. D’autant qu’elle avait effectué la même présentation, la veille, “en présence de Pierre Colin”. En signe d’apaisement, la vice-présidente invite la Chambre d’agriculture à se rapprocher d’Atmo Occitanie, “afin d’approfondir ensemble nos futurs travaux.”
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