Quotidiennement au contact des malades et amenés à effectuer des gestes médicaux, les ambulanciers ne sont pourtant pas considérés comme personnels soignant, ce qui pourrait les priver de la reconnaissance des contaminations au Covid-19 comme maladie professionnelle.
AFASHDès les premiers jours de l’épidémie, les ambulanciers ont été envoyés en première ligne de la lutte contre le coronavirus et ont multiplié les contacts avec des patients contaminés par le Covid-19. Pourtant, n’étant pas considérés comme faisant partie des personnels soignants, les conducteurs-ambulanciers ayant contracté la maladie ne bénéficieront pas systématiquement d’une reconnaissance comme maladie professionnelle. Une injustice dénoncée par ces derniers, qui demandent une requalification et une revalorisation de leur statut afin que celui-ci soit plus conforme à la réalité de leur travail et des responsabilités qu’ils endossent. « Quand nous sommes partis à la guerre, comme l’a dit le président, nous ne savions pas quelles seraient l’ampleur et la gravité de la pandémie que nous allions affronter. Nous sommes évidemment déçus d’un tel manque de reconnaissance, mais le problème n’est pas nouveau. Cela fait 30 ans que ça dure. En mettant un coup de projecteur sur la profession d’ambulancier, l’épidémie de Covid-19 a permis de révéler notre situation au grand public », témoigne David Soulès, ambulancier au Samu de Toulouse et porte-parole de l’Association française des Ambulanciers Smur et hospitaliers (Afash).
Alors que le Ségur de la santé, la grande concertation avec les acteurs du secteur lancée le 25 mai par le gouvernement, débutera sans eux, l’Afash a souhaité contribuer à la réflexion en rédigeant un mini livre blanc de la profession. Un document de quelques pages partagé sur la plateforme du ministère qui détaille six revendications, dont l’intégration du corps des ambulanciers à la filière santé. « Notre formation, un diplôme d’État reconnu par le ministère de la Santé nous range dans la catégorie des personnels soignants. Pourtant, quand nous entrons dans la fonction publique, notre statut bascule dans celui de personnel technique dit sédentaire. Une classification qui ne reconnaît pas les contacts que nous entretenons quotidiennement avec les malades et qui nous relègue en catégorie C », déplore David Soulès. Une demande qui s’accompagne de revendications salariales et statutaires.
Au-delà de la question du statut, c’est leur légitimité comme professionnels de santé que défendent les membres de l’Afash. « Nous demandons ainsi que soit retiré le terme de ‘’conducteur’’ de l’intitulé de notre métier, car il est réducteur et donne une fausse idée de notre travail. La conduite ne représente qu’un quart de la prise en charge du patient. Nous sommes régulièrement emmenés à effectuer des gestes de réanimation comme des massages cardiaques, préparer un plateau d’intubation ou du matériel d’oxygénothérapie », rappelle David Soulès, qui souhaite également une réforme de la formation.
Pour exercer, les ambulanciers doivent être titulaires d’une Formation d’adaptation à l’emploi (FAE) qui inclut l’enseignement des gestes de soin d’urgence de niveau 1. Une préparation insuffisante selon le porte-parole de l’association. « Le niveau 2 serait plus en adéquation avec le travail qui nous est demandé sur le terrain. Dans la situation actuelle, nous pouvons être amenés à effectuer des actes qui dépassent le cadre légal de notre formation », alerte-t-il. Enfin, David Soulès s’inquiète du recours à des aides-soignants ou des assistants de régulation médicale pour se substituer aux ambulanciers. Un choix motivé par des raisons économiques et d’organisation, selon lui, pourtant en contradiction avec le code de la santé publique. La composition d’une équipe du Smur y étant strictement défini : un médecin, un infirmier et un conducteur-ambulancier.
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