Face aux lourdes pertes financières engendrées par l’épidémie de Covid-19, Jean-Luc Moudenc a présenté aujourd’hui la nouvelle stratégie financière de la métropole, avec notamment le report de la mise en service de la 3ème ligne de métro à fin 2028.
Déjà contestée par l’opposition avant l’arrivée de l’épidémie de Covid-19, la date de 2025, initialement fixée pour la mise en service de la troisième ligne de métro, semblait plus que fortement remise en cause par la crise sanitaire. Ce que Jean-Luc Moudenc avait lui-même confirmé dès le lendemain de sa réélection en juin dernier. Restait donc à connaître le nouveau calendrier du grand projet emblématique de transport de l’agglomération. Chose faite aujourd’hui à l’occasion d’une présentation des conséquences de la crise sanitaire sur les budgets de la ville de Toulouse, de Toulouse Métropole et de Tisséo.
Exit donc 2025, l’horizon est désormais fixé à fin 2028 pour la mise en service. Attention, il ne s’agit toutefois pas d’un retard mais d’un décalage, a tenu à nuancer Jean-Luc Moudenc : « Nous ne repoussons pas le début du chantier qui commencera bien en 2022, comme prévu. La différence est que nous avons choisi d’étaler les travaux dans le temps pour absorber les pertes financières engendrées par la crise », explique-t-il. Hormis un rythme de réalisation amendé, rien d’autre ne change assure en effet l’élu. Le plan de financement reste le même, sans hausse de la contribution de Toulouse Métropole, ni d’augmentations de la fiscalité, que ce soit celle des ménages ou des entreprises. De même, la ligne sera bien réalisée en un seul tronçon.
« Ce choix est à la fois celui du maintien de l’ambition et de la responsabilité. Je n’ai pas souhaité assécher les finances de Tisséo ni affaiblir les capacités d’investissement de la Métropole pour d’autres projets dans les 37 communes, c’est à dire tout sacrifier pour la troisième ligne », poursuit Jean-Luc Moudenc. Alors que celle-ci semblait être jusqu’à présent la grande priorité de la majorité, c’est donc une nouvelle stratégie budgétaire qui voit le jour. D’ailleurs, les investissements prévus envers les mobilités du quotidien (lignes Linéo, parc-relais, plan vélo, téléphérique Téléo…) sont, eux, maintenus à l’identique, voire « sacralisées » selon les mots de Jean-Michel Lattes, président de Tisséo.
D’autres grands projets font également les frais de la crise comme le Grand projet de ville (GPV) de rénovation urbaine, le Grand parc Garonne (réhabilitation de l’île du Ramier) ainsi que les Cités de la danse au Mirail, de la musique à l’ancienne prison Saint-Michel et des art à la Grave. « Des études sont en cours dans les différents services pour définir une nouvelle trajectoire », précise Jean-Luc Moudenc.
Autant d’annonces qui peuvent paraître tardives. Notamment pour l’opposition qui réclamait depuis plusieurs semaines de la transparence sur l’évolution des finances de la collectivité avec la crise de Covid-19. « Effectivement, nous savions depuis le mois de juin qu’il y aurait des conséquences négatives. Pour autant, personne n’était alors en capacité de les chiffrer. Et il y avait surtout une grande inconnue ; à savoir les aides de l’État. Or celles-ci sont très marginales », plaide Jean-Luc Moudenc, qui ne cache pas sa déception sur ce point.
« Disposant d’éléments de plus en plus tangibles », Sacha Briand, responsable des finances de la ville et de la métropole, a donc pu évaluer le coût de la crise. Entre les pertes de recettes et les dépenses supplémentaires (protocole sanitaire dans les écoles, achats de masques, plans de relance…), celui-ci s’élève au total à 169 millions d’euros pour les trois entités cumulées (ville, métropole et Tisséo). « Sur trois ans, selon nos prévisions, la facture s’élève à 320 millions d’euros, avec une trajectoire de rétablissement espérée pour 2022 », précise Sacha Briand.
« La ville de Toulouse a une bonne situation financière qui nous permet d’absorber ces pertes. Le choc est plus brutal pour Toulouse Métropole mais nous réussirons à l’amortir grâce à une haute capacité d’épargne. Nous aurons, pour cela, un peu plus recours à l’emprunt ces deux trois prochaines années », détaille l’élu. Quant à Tisséo, les 42 millions d’euros d’avances remboursables accordés par l’État permettront tout de même d’étaler dans le temps les pertes. La subvention accordée à la troisième ligne de métro n’est, elle, pas remise en question, promet Jean-Luc Moudenc. Celui ci dit juste attendre son officialisation lors de la venue prochaine des ministres concernés à Toulouse.
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