Des chercheurs du Centre de recherche et d’analyses sur la cognition et la réflexologie animale de Toulouse ont observé des effondrements d’essaims de frelons asiatiques contaminés par le variant breton de la Covid-19. Une découverte inédite qui pourrait s’avérer précieuse dans la lutte contre cette espèce invasive.
Depuis son intrusion en France en 2004, le frelon asiatique fait la une de l’actualité à chaque arrivée du printemps. Sans véritable danger pour l’Homme, sauf si l’on s’approche trop près de son nid, l’insecte fait surtout des ravages auprès des abeilles. Menaçant ainsi la biodiversité tout en causant de lourdes pertes aux apiculteurs. Piégeage des frelons grâce à des plantes carnivores, désinsectisation des nids ou destruction par drones… De nombreuses expériences sont menées pour limiter sa prolifération. Sans qu’aucune d’entre elles ne permette toutefois son éradication totale, le frelon asiatique n’ayant pas d’autre prédateur que la carpe printanière.
Or, il se trouve que la solution pourrait venir du virus qui bouleverse le monde entier depuis plus d’un an désormais : la covid-19. C’est la découverte fracassante faite par des scientifiques du Centre de recherche et d’analyse sur la cognition et la réflexologie animale (CRACRA) de Toulouse. Dans le cadre d’un projet participatif en collaboration avec le CNRS et l’INRA, ces derniers réalisent en effet depuis plusieurs mois des analyses morphologiques sur des milliers de frelons asiatiques récoltés en France afin de comprendre les adaptations génétiques qui favorisent son expansion.
« Depuis environ deux semaines, nous avons commencé à remarquer des comportements anormaux chez de plus de plus de sujets s’accompagnant d’un taux important et inexpliqué de mortalité. C’est notre nouvel assistant, un étudiant rennais qui a contracté la Covid-19, qui nous a mis la puce à l’oreille », raconte Mathilde Goujon, chargée de recherche CNRS et au CRACRA.
Intrigués, les chercheurs envoient un échantillon de frelons morts au laboratoire épidémiologique de Toulouse et le résultat ne tarde pas à tomber. C’est bien une souche semblable à celle décelée en Chine au début de l’année de 2020 qui est à l’origine de cette mortalité soudaine chez les insectes.
Une belle ironie du sort quand on sait que le frelon asiatique, ou Vespa velutina, a lui aussi débarqué en Europe dans des conditions assez similaires. Il serait en effet arrivé dans le sud-ouest de la France, caché dans un chargement de poteries chinoises. « Il semblerait que le frelon asiatique soit résistant à la souche originale, mais que le variant breton lui soit fatal », précise Emma Thaume, laborantine chargée de l’analyse des prélèvements.
Si des cas, certes sporadiques, de contamination chez les animaux ont déjà été détectés depuis le début de l’épidémie, les chercheurs cherchent toujours à préciser les conditions de transmission auprès des frelons asiatiques. « Cette enquête va nous en apprendre énormément sur le sujet. En fonction de ses résultats, il pourrait très bien s’avérer que la Covid-19 se révèle être une arme très efficace contre les frelons », estime Mathilde Goujon.
De là à les faire disparaître ? « Il est encore bien trop tôt pour le dire. Mais le fait que le frelon asiatique contracte une maladie était peut-être en effet la seule possibilité de l’éradiquer. Cela aurait pu arriver dans dix ans, 150 ans, voire jamais, mais il existe dans l’histoire des précédents chez certaines espèces », révèle Hervé Renoyan, entomologiste au Museum de Toulouse. Face à un insecte désormais menacé, Emmanuel Macron a réuni, hier soir après son intervention télévisée, un conseil de défense des nuisibles et a annoncé, dans la foulée, un confinement de tous les frelons. Seul un motif impérieux sera autorisé pour quitter l’essaim. Une attestation pourra être téléchargée sur notre site dans la journée pour tous les frelons qui le souhaitent.
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