En première ligne face au Covid-19, les professionnels de santé libéraux prennent aujourd’hui du recul pour tirer les leçons d’une crise sanitaire sans précédent. Médecins généralistes, radiologues, infirmiers, biologistes ou encore pharmaciens reviennent sur ce qu’ils ont observé pendant la pandémie et ce qu’ils préconisent pour l’après. © Pikwizard
Se servir de l’expérience de terrain des professionnels de santé qui ont œuvré sans relâche durant la pandémie de Covid-19 pour améliorer le système de soin en Occitanie, tel est le souhait de l’Union régionale des professionnels de santé (URPS). Et c’est en collectant les témoignages de médecins généralistes, de radiologues, d’infirmiers, de biologistes ou de pharmaciens, via l’agence de communication LSP, que l’URPS peut aujourd’hui tirer des enseignements et travailler au réajustement de l’offre de soin régionale.
La première leçon à tirer de cette épidémie de Covid-19 étant la reconnaissance de l’implication des soignants – de tous les soignants – comme le souligne Jean-Louis Bensoussan, vice-président de l’URPS-médecins libéraux d’Occitanie, qui regrette la vision hospitalo-centrée des autorités : « On ne voit que sous cet angle-là. On ne donne que les chiffres des patients hospitalisés. Tout le reste n’existe pas. On ne donnera même pas une estimation des cas que nous, médecins, voyons. »
Car, même si les projecteurs ont été essentiellement tournés vers les centres hospitaliers pour faire état de la prise en charge et de la gestion des malades atteints de Covid-19, les premiers recours des patients sont restés, et restent, les professionnels de santé libéraux. « Malgré ses fragilités et ses imperfections, notre système de santé, qui a été au bord de la rupture, a tenu et tient. Pourquoi ? On le doit à la capacité des gens de terrain à résister au choc dans les hôpitaux, les cliniques et la médecine de ville. Ce n’est pas l’administration ni les directeurs d’hôpitaux, mais les soignants, les aides-soignants et les professionnels de terrain qui ont été au rendez-vous. Aussi bien en ville qu’à l’hôpital », avance Richard Fabre, président de l’URPS-biologistes d’Occitanie.
Ceux-là même qui, aujourd’hui, émettent des pistes de réflexion afin d’adapter le système de santé à l’ère post-coronavirus. L’une d’entre elles, émise par le docteur Jean-Louis Puech, radiologue à la clinique Croix-du-Sud à Quint-Fonsegrives, est l’adoption de nouvelles conduites à tenir concernant les salles d’attente : « L’époque est révolue où vous vous trouviez dans une salle d’attente remplie de patients. Certains services voyaient passer plus de 200 personnes dans la journée. Cela ne va plus être possible. Il faut que les gens gardent leur distance. On commence à y réfléchir, imaginer des circuits différents. Il va falloir faire circuler nos consultés pour protéger la collectivité. »
Ne pas maintenir des personnes malades, enfermées dans un même espace, sans mesures de prévention. Une évidence à l’heure du déconfinement, valable pour toutes les pathologies virales. Cette certitude, Valérie Garnier, présidente de l’URPS-pharmaciens d’Occitanie, la partage : « Ce problème de sécurité lié à la promiscuité préexistait. Cela va nous conduire à prendre des mesures de précaution pour les prochaines épidémies de grippe ou de gastro. » De nouvelles pratiques que la pharmacienne conditionne à l’utilisation de la téléconsultation, qu’elle voit promise à un bel avenir : « Nous avons vu arriver beaucoup de patients avec leur ordonnance sur leur smartphone », témoigne-t-elle. Un procédé qui peut désormais se développer plus naturellement mais qui doit être, pour Valérie Garnier, conditionné à la mise en place, de manière généralisée, d’une messagerie sécurisée entre professionnels de santé. D’autant que cette collaboration avec les médecins s’est renforcée durant le confinement.
Ce que confirme également les infirmiers libéraux. « On s’est tranquillisés les uns et les autres. Ainsi les médecins nous ont beaucoup rassurés sur leur organisation et nous, infirmiers, nous avons expliqué nos contraintes et ce que l’on attendait d’eux. D’excellents échanges à ce niveau », raconte Jean-François Bouscarain, président de l’URPS-infirmiers d’Occitanie.
Autant de nouvelles procédures comme de nouvelles pratiques qui, pour les professionnels de santé de la région, devront perdurer après la crise sanitaire pour participer à une meilleure organisation du système de soin en Occitanie.
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