En Haute-Garonne, tous les indicateurs de la délinquance sont en baisse sauf celui des violences conjugales et intrafamiliales. Une situation qui s’explique, notamment, par les mesures de confinement et de couvre-feu.
C’est un effet induit de la lutte contre l’épidémie de Covid-19. Les mesures prises pour freiner la propagation du virus ont significativement influencé le bilan annuel de la délinquance en Haute-Garonne. En effet, avec une population beaucoup plus maintenue à son domicile, les atteintes aux biens matériels ont spectaculairement chuté (-17%). Alors que, dans le même temps, ce huis-clos forcé a engendré une explosion des violences conjugales (+8%) et intrafamiliales (+12%). Faisant ainsi des femmes, les principales victimes de l’année 2020. « Les atteintes aux personnes augmentent et notamment sur les femmes », alerte Dominique Alzéari, le procureur de la République du Tribunal judiciaire de Toulouse.
Dans ce contexte exceptionnel, Étienne Guyot, le préfet de la Haute-Garonne dégage trois thématiques ayant fait l’objet d’une mobilisation particulière des forces de l’ordre en 2020 : le respect des mesures mises en place pour lutter contre l’épidémie de Covid-19, la lutte contre les violences intrafamiliales et contre les stupéfiants. « Nous maintiendrons une vigilance accrue sur ses sujets pour l’année 2021 », ajoute-t-il.
Et en premier lieu, sur la question des mesures sanitaires. En 2020, plus de 460 000 personnes ont été contrôlées dans le département, toutes mesures confondues (port du masque, couvre-feu, confinement, etc.). « Malgré 30 000 infraction constatées, nous pouvons tout de même considérer que les Toulousains ont globalement bien respecté les mesures imposées par le gouvernement », se félicite Etienne Guyot avant de rappeler que « nous ne devons absolument pas relâcher la pression ».
Pour la deuxième année consécutive, les chiffres des attaques aux biens sont en baisse. Au niveau national, comme au niveau départemental (-17 %). « Ces chiffres sont produits dans un contexte exceptionnel de crise et de confinement. Les gens sont restés beaucoup plus chez eux, ce qui a notamment provoqué une baisse des cambriolages », précise Étienne Guyot. En zone gendarmerie, ceux-ci ont même chuté de 26 %, contre une baisse moyenne de 15 % dans l’ensemble du département.
De même, les cas d’agressions physiques à l’encontre de personnes sont globalement en baisse dans la Haute-Garonne (-3,8 %). Une tendance liée à la forte diminution des vols avec violence. En zone police, le directeur départemental de la sécurité publique Jean Cyrille Reymond constate une diminution de 22 % de ce type de faits (1 200 faits constatés en 2020 pour 1 500 en 2019) et de 4,5 % des violences dites ”non crapuleuses” ou ”gratuites” (n’ayant pas pour but le vol). En revanche, les services de police déplorent une augmentation significative des coups et blessures volontaires (+4,7 %) et des violences perpétrées dans le cadre familial.
C’est le point noir de l’année 2020. Les violences intrafamiliales et conjugales continuent d’augmenter en Haute-Garonne. Et cela à un niveau supérieur à celui constaté sur l’ensemble du territoire national où les violences conjugales ont augmenté de 8,9 %, contre 12 % dans le département. « C’est une tendance qui ne tient pas uniquement au confinement. Elle est également structurelle », précise Jean-Cyrille Reymond qui rappelle que l’année précédente, les violences intrafamiliales avaient déjà bondi de 14 %. « Nous continuerons de travailler d’arrache-pied pour lutter contre ce phénomène », promet Dominique Alzéari.
Pour cela, les services de l’État ont mis en place de nombreux dispositifs de prévention et de protection des victimes qui seront renforcés dans l’année 2021. Outre le numéro d’écoute national (3919) et les réseaux de signalement déployés dans les pharmacies et certains commerces de proximité, les services de police vont poursuivre leur campagne de formation de leurs agents (accueil, dépôt de plainte, accompagnement des victimes) et renforcer la présence d’intervenants sociaux dans les commissariats.
Par ailleurs, un bracelet anti-rapprochement viendra, dans les semaines à venir, renforcer l’arsenal des outils de protection des victimes. D’ici quelques mois, l’administration judiciaire disposera de plusieurs dizaines de ces bracelets permettant d’alerter automatiquement les services de police lorsqu’un conjoint violent rompt une mesure d’éloignement. Un dispositif qui s’ajoute aux quelques 25 téléphones ”grave danger” déjà proposés aux victimes se sentant menacées.
« Grâce à de très belles affaires, notamment celle des Izards, nous avons porté un coup profond au trafic de stupéfiant », se félicite Jean-Cyrille Reymond. En effet, en Haute-Garonne, ce sont près de 2,7 tonnes de cannabis, 2 388 plants, 37 kilos de cocaïne, 9 kilos d’héroïne, 1,4 tonnes de tabac, 513 armes (dont 202 armes de guerre et armes longues et 169 armes de poing) et plus de 4,4 millions d’euros d’avoirs criminels qui ont été saisis sur l’année 2020.
« Les réseaux de stupéfiant ont été désorganisés mais ils ont su s’adapter », tempère Etienne Guyot qui constate l’apparition de nouveaux modes de distribution et une dématérialisation des trafics. Aujourd’hui, les dealers communiquent par les réseaux sociaux, parfois avec de véritables vitrines numériques et proposent des services de livraison à domicile. Une évolution qui s’apparente, pour le préfet, à une ubérisation du marché des stupéfiants.
Enfin, même si le confinement « a cassé la dynamique » de manifestation systématique les samedi et le mouvement des Gilets jaunes, Jean-Cyrille Reymond, le directeur départemental de la sécurité publique souligne l’importance de l’activité de maintien de l’ordre. Malgré la crise sanitaire, les autorités ont comptabilisé 467 manifestations en 2020 (253 déclarées et 214 non-déclarées). Jean-Cyrille Reymond a ainsi annoncé une réorganisation de ses service afin de « mieux répondre à cette situation et à la la demande de sécurité ». Deux nouvelles divisions de police (rive droite et rive gauche) seront créées avec, en leur sein, des services affectés au maintien de l’ordre sur la voie publique et d’autres à l’investigation.
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