LANCEUR D’ALERTES – Directrice générale de Foodwatch France, Karine Jacquemart milite pour améliorer la qualité des produits alimentaires et pour un étiquetage fiable, clair et transparent.
Depuis le 1er janvier, l’affichage de la composition nutritionnelle des produits alimentaires est obligatoire en Europe. La valeur énergétique et les quantités de lipides, d’acides gras saturés, de glucides, de sucres, de protéines et de sel doivent apparaître, ensemble, dans un tableau lisible, placé sur l’emballage. « On voulait aller plus loin, avec un logo nutritionnel tricolore, comme il en existe en Angleterre. Mais les lobbies ont dépensé plus d’un milliard d’euros pour que ce logo ne voit pas le jour dans l’Union européenne », explique Karine Jacquemart. Au final, les États membres ne peuvent pas obliger les industriels à afficher un tel logo. C’est pourquoi, en France, on ne trouve pas partout l’étiquette Nutri-score. Apparues dans les rayons en avril dernier, ces 5 lettres colorées donnent des indications nutritionnelles pour 100 grammes de produit : « On peut les comparer les uns avec les autres et avoir une information claire sur leur impact sur notre santé. Mais c’est un système volontaire et donc non contraignant. »
Ainsi, alors que Danone ou les supermarchés Leclerc ont adopté le logo Nutri-score, des géants, comme Nestlé, Mars ou Mondonez, en proposent un autre, moins lisible : « Ces industriels induisent le consommateur en erreur et pèsent de tout leur poids pour que le logo Nutri-score ne soit pas rendu obligatoire en Europe », constate la directrice générale, qui rappelle que le code de la consommation prévoit le droit à une information claire. Une transparence d’autant plus essentielle qu’elle touche à la santé : l’Organisation mondiale de la santé ne cesse de tirer la sonnette d’alarme sur la multiplication des cas de diabète, de surpoids ou d’obésité dans le monde.
Foodwatch se bat également pour l’interdiction des publicités qui s’adressent aux enfants. Par exemple, la pétition que l’ONG a lancé en juin contre les jus Capri-Sun a recueilli près de 12 000 signatures, incitant la marque à changer son emballage et à s’engager à cesser sa communication envers les plus jeunes. « C’est important de créer des précédents comme ceux-ci. Cela fait passer un message clair aux industriels : fini l’impunité. On vous observe et on peut communiquer sur vos pratiques. »
De même, les supermarchés Leclerc ont récemment retiré de leurs rayons des lots de jambon dont l’emballage s’était révélé cancérigène. D’autres industriels ont dû stopper la commercialisation de certains produits après que Foodwatch en a dénoncé une contamination par des huiles minérales. Des alertes qui bénéficient du relais des médias et des réseaux sociaux, caisses de résonance incontournables et salutaires pour Karine Jacquemart : « Les choses ont changé. L’information circule et les gens ont envie d’agir. Pour eux, Foodwatch est aujourd’hui un contre-pouvoir citoyen efficace pour mettre un coup de balai dans ce secteur qui part dans tous les sens. »
Bio
Depuis deux ans, Karine Jacquemart est la directrice générale de Foodwatch France, après avoir été coordinatrice internationale chez Greenpeace et Action contre la faim.
Philippe Salvador
Philippe Salvador a été reporter radio pendant quinze ans, à Toulouse et à Paris, pour Sud Radio, Radio France, RTL, RMC et BFM Business. Après avoir été correspondant de BFMTV à Marseille, il est revenu à Toulouse pour cofonder le magazine Boudu.
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