AVENTURE. Explorateur scientifique atypique, Stéphane Lévin est régulièrement aux premières loges du changement climatique. Mais au discours alarmiste, le Toulousain préfère l’action. Il a ainsi créé autour de lui tout un écosystème pour sensibiliser le public tout en préparant le monde de demain.
Connu notamment pour avoir passé quatre mois en solitaire dans l’Arctique dans des conditions de froid extrême, l’homme n’a pourtant rien d’un ours mis à part une carrure plutôt enviable pour un quinquagénaire. Stéphane Lévin est au contraire plutôt affable, très à son aise au café de l’hôtel Crowne Plazza où il nous a donné rendez-vous.
Rapidement, il laisse apparaitre un optimisme contagieux. Lui, l’explorateur scientifique, pourtant témoin privilégié des dégâts causés par l’homme sur la planète, est convaincu que l’on va dans le bon sens. « Aujourd’hui, absolument toutes les grandes entreprises ont un volet environnemental, des lois sont votées, les comportements individuels évoluent. Il n’y a plus le choix », dit-il en souriant. L’enthousiasme affiché est clairement celui d’un homme d’action. Pas de temps à perdre à débattre avec les climato-sceptiques : « Sans aller au bout du monde, il suffit de regarder autour de soi pour constater les dérèglements. Inondations, tempêtes… tout est plus violent », assure-t-il. Lui y est tout de même allé plus d’une fois, au bout du monde.
Dans une première vie, c’était pour concevoir des circuits touristiques ou en tant que directeur de croisières de luxe. Avant une vraie remise en question.
« J’avais un métier de rêve mais j’ai décidé de quitter ma zone de confort pour donner du sens à ma vie », raconte-t-il simplement.
Sollicité en 2000 pour une première expédition en Arctique, il est fasciné par la banquise. C’est là qu’il a l’idée de sa future mission – passer quatre mois seul dans la nuit polaire – ainsi que sa nouvelle voie : allier l’utile à l’aventure. «Comme c’était une première, les conditions de mon séjour ont rapidement intéressé des docteurs mais aussi l’Agence spatiale européenne dans le cadre de ses recherches sur les vols habités vers Mars », explique-t-il.
En 2002, il passera donc quatre mois dans l’Arctique sans voir le soleil dont 70 jours dans l’obscurité totale et livrera littéralement son corps à la science. Une mission certes dangereuse mais qui ne doit rien à une pulsion suicidaire ou au simple défi. Pour chacune de ses aventures, Stéphane Lévin prend plaisir à maîtriser le moindre paramètre. Suite à son expédition intitulée “Seul dans la nuit polaire”, l’explorateur est sollicité par de nombreux organismes pour témoigner du changement climatique. Suivront donc plusieurs missions dont la trilogie “Voyageur des glaces, des sables et des fleuves” pour laquelle il embarque à chaque fois six jeunes Toulousains.
En 2017, il mettra le cap sur la Namibie pour un nouveau séjour solitaire dans des conditions de chaleur extrême cette fois. Avec dans ses valises, une panoplie d’outils connectés et d’innovations que des entreprises lui confient afin de les éprouver. Grâce à sa capacité à se mettre au service de la recherche médicale, de la technologie ou de la cause environnementale, celui qui est né et a grandi au Cameroun, au sein de l’exploitation familiale de café, est depuis 2015 Chevalier de la légion d’honneur. Et en bon passeur, l’homme de terrain sait se muer en orateur lors de conférences ou de séminaires. Et à chaque fois, son slogan trouve un large écho : « L’extrême est une loupe de la normalité. »
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