GROIN. Passer de la quantité à la qualité, c’est le pari de plus en plus d’agriculteurs d’Occitanie. En misant sur la culture ou l’élevage raisonné, les conditions de production et la vente directe, ils tirent leur épingle du jeu. Stéphane Charbonneau, producteur de porc noir en Haute-Garonne est l’un d’eux.
Il est 6h30 quand le réveil sonne à la Ferme de Cazertes. Stéphane Charbonneau se lève pour entamer sa journée, en commençant par admirer le point de vue offert sur son exploitation. Située sur une colline de la commune de Bax, au cœur du Volvestre, la ferme de 5 hectares est partagée en plusieurs parcelles où paissent une soixantaine de porcs noirs originaires de Gascogne, race traditionnelle locale reconnue pour ses propriétés gustatives.
Mais cela n’a pas toujours été le cas. Originaire de Seine-Saint-Denis, «j’ai passé 40 ans de ma vie à bouffer de la merde et un jour, j’en ai eu marre», lance-t-il. « J’ai voulu donner un sens à ce que je faisais ! » Jusque-là, vendeur de chaussettes, il se met en tête de lancer une exploitation: «J’ai tout lâché et j’ai monté mon affaire. J’élève des porcs et ma compagne s’est lancée dans le maraîchage», explique-t-il, fier de pointer ses terres du doigt. «C’est d’abord un geste égoïste car je voulais pouvoir nourrir ma famille sainement, avec mes produits. Et j’y arrive aujourd’hui ! »
L’heure tourne. Il est 9h30, il faut nourrir les porcs, en commençant par ceux de la « maternité ». Isolées du reste de leurs congénères, deux truies et leurs petits y restent jusqu’au sevrage, soit 50 jours. Du rémoulage, un mélange de pois et d’orge, et des tourteaux de colza. C’est là le seul menu pour tous les porcs. Conditions essentielles à l’obtention du label Bio… même si 5% de nourriture non bio est toléré. « Il faut aussi que les animaux eux-mêmes soient certifiés », précise Stéphane Charbonneau pour qui les conditions d’élevage des animaux sont également importantes. Chez lui, les animaux paissent en plein air, toute l’année, avec une cabane pour s’abriter, un abreuvoir et une mangeoire. Ainsi, l’éleveur estime qu’il est nécessaire pour le consommateur d’aller chez le producteur, de se rendre compte des réelles conditions d’élevage et donc, de la qualité de la viande, car il n’y a pas de secret :
« Des cochons non stressés seront transformés en produits excellents et tendres »
Pour leur garantir une existence paisible, Stéphane Charbonneau leur rend visite tous les jours. D’abord pour vérifier que les clôtures sont bien en place, mais surtout parce qu’il est farouchement attaché à ses bêtes. C’est en sifflant qu’il les appelle pour les observer, s’assurer que tous vont bien… et parfois « à grand coup de papouilles. Ils adorent que je leur gratte le ventre », confie-t-il. Pixie, Citrouille, Cutter et Grognon ne se font pas prier pour quelques caresses. Et chacun a sa petite anecdote : « Pour changer Clochette de parcelles, je suis obligé de lui tenir les oreilles au-dessus de la tête sinon elle ne voit rien », raconte-t-il en frottant sèchement le dos de l’animal. Un attachement qu’il est parfois dur d’assumer, car il ne faut pas oublier que les porcs sont voués… à l’abattoir. Mais ici, c’est l’agriculteur qui les y emmène, et qui s’occupe ensuite de la transformation.
Tout est fait maison, des naissances, à l’engraissement, en passant par la vente des produits qui s’effectue directement de l’exploitation. La viande fraîche est vendue 14 euros le kilo. Et la rentabilité est au rendez-vous puisqu’il dégage 30 000 € de chiffre d’affaires annuel pour un investissement de 6 000€. « Tout le monde s’y retrouve, l’exploitant comme le consommateur », constate-t-il. Quand tout est maîtrisé par l’éleveur et que celui-ci peut attester d’une chaîne de production irréprochable, la qualité est forcément là estime Stéphane Charbonneau, qui reste persuadé que c’est là l’avenir de l’agriculture.
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