Au travers d’exemples concrets, la pédagogie Freinet a prouvé qu’elle était susceptible d’apaiser durablement certains établissements au climat scolaire fortement détérioré. Une alternative encore minoritaire mais destinée au plus grand nombre.
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C’est un cas d’école. En 2013, pour endiguer une situation devenue malsaine et empêcher sa désertification, l’école primaire Hélène Boucher situé dans un quartier populaire de Mons-en-Barœul dans le Nord, expérimentait la pédagogie Freinet dans toutes ses classes. « L’école est aujourd’hui remise à flot et fait figure d’exemple. Mais il y en a eu d’autres, à Montpellier ou à Toulouse, au sein de l’école Calas Dupont. L’enfant ne laisse pas ses valises émotionnelles au portail de l’établissement. Il s’agit, pour freiner la violence, de redonner du sens au travail », explique Christian Borgetto, coordinateur départemental de l’Institut coopératif de l’école moderne (Icem) – Pédagogie Freinet.
Cette philosophie, développée par le pédagogue Célestin Freinet dans les années 1920 est fondée sur l’expression libre des enfants et repose sur plusieurs techniques : tâtonnement expérimental, texte libre ou encore le « Quoi de neuf », un temps institutionnalisé où les enfants s’expriment sur ce qui les a touchés récemment. « Chaque semaine, nous avons aussi le Conseil des élèves qui permet d’élaborer des projets mais également de dialoguer en cas de problèmes. Les règles étant décidées collectivement, elles sont mieux admises », poursuit l’enseignant. Bâton de parole, communication non-violente, mixité des âges et travail coopératif sont autant d’outils utilisés pour prévenir les conflits.
« Pour les élèves aux comportements très compliqués, il n’y a pas de miracle, mais au moins, on ne l’enfoncera pas, nuance Christian Borgetto. L’autonomie s’apprend, elle ne se décrète pas. C’est un travail qui s’évalue dans la durée mais l’évolution peut être impressionnante ». Contrairement à d’autres pédagogies alternatives, les partisans de Freinet ne soutiennent pas les écoles privées et souhaitent que leurs techniques soient accessibles à tous. C’est encore loin d’être le cas. Si l’Éducation nationale regarde certaines expériences avec bienveillance elle n’est pas prête pour autant de les généraliser. « Nous sommes très minoritaires, concède Christian Borgetto. Mais de plus en plus de jeunes enseignants ont envie de se former à cette pédagogie. Il y a de l’espoir ! »
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