DE L’AIR – “C’est décidé, demain j’arrête !” Combien de fumeurs se seront fait cette promesse à l’occasion de la journée mondiale sans tabac qui s’est tenue le 31 mai ? Elle vient régulièrement rappeler des chiffres angoissants. Comme ces sept millions de personnes qui meurent chaque année à cause du tabac. Les Français en ont conscience : près de sept fumeurs sur dix ont déjà tenté d’arrêter. Mais une minorité y parvient. Pour ne pas voir sa volonté partir en fumée, le JT est allé prendre conseils auprès de médecins et d’anciens accros à la nicotine. Alors, clope ou pas clope ?
Franck Alix / JT
« Le tabac, c’est 300 morts par jour en France. Les gens fument toujours trop », lâche Guillaume Sudérie, responsable du pôle addiction à l’Observatoire régional de santé de Midi-Pyrénées. Les derniers résultats publiés ce mardi par le Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) Santé publique France ne le contredisent pas. Selon cette enquête réalisée auprès de 15 000 personnes, plus d’un tiers des Français fumaient régulièrement la cigarette en 2016. « Des chiffres qui sont stables depuis 2010 », soulève le BEH.
Un phénomène qui cache des disparités sociales et géographiques. Le tabagisme augmente dans les classes populaires alors qu’il baisse chez les plus aisés. En Midi-Pyrénées, les jeunes de 17 ans fument plus que la moyenne métropolitaine. À cet âge, en 2014, l’usage quotidien de la cigarette s’élève à 37% contre 32% pour la métropole. « La pratique se fixe à 17 ans et bouge ensuite très peu », explique Guillaume Sudérie. « Phénomène nouveau également, les femmes de 40 ans s’y mettent aussi », poursuit-il.
Pourtant, ce n’est pas faute de multiplier les mesures de dissuasion. Dans ce domaine, l’État dispose de plusieurs armes. La première étant l’interdiction de la cigarette dans certains lieux, notamment publics, ou celle de faire de la publicité. C’est l’objectif de la loi Veil en 1976, suivie par la loi Évin en 1991. Dernière action en date : le paquet neutre. Mais cinq mois après sa généralisation, les résultats ne sont pas au rendez-vous. Selon l’administration des douanes, citée dans un article du Parisien, les commandes des buralistes sont supérieures de 1,4 % au 1er trimestre 2017 à celles des trois premiers mois de 2016.
La campagne de prévention ‘’Moi(s) sans tabac’’ lancée en novembre 2016 par le ministère de la Santé, semble, elle, avoir eu davantage d’effets. Des kits d’arrêts de la cigarette ont par exemple été distribués et la sécurité sociale a augmenté sa prise en charge des substituts tabagiques jusqu’à 150 euros par an. Si le bilan complet est en cours d’élaboration, 180 000 personnes se sont déjà inscrites sur le site tabac-info-service.fr.
Mais selon Guillaume Sudérie, l’arme la plus efficace reste encore de frapper les consommateurs au portefeuille. « Il faut une hausse significative du prix, c’est-à-dire d’au moins 10 % par an ». L’Organisation mondiale de la santé le préconise aussi, notamment parce que cela protège les plus précaires et les plus jeunes, dont les budgets sont plus serrés. Preuve en est, entre le début des années 1990 et 2005, en France, le prix des cigarettes est passé de 1,5 € à 5 €, et les ventes ont baissé de plus de 50%. Depuis, le paquet a connu des hausses plus modestes.
Selon Guillaume Sudérie, le levier financier est d’autant plus intéressant qu’il n’est pas annulé par le marché parallèle : « Nous avons constaté qu’en 2004-2005-2006, la baisse de la consommation a été seulement 10 % moins importante dans l’Ariège, département limitrophe de l’Andorre que dans le Lot. Ce n’est donc pas déterminant ».
La question de l’augmentation des taxes semble faire son chemin. Lors de sa campagne, Emmanuel Macron a annoncé vouloir porter le paquet à 10 euros. Si aucune mesure supplémentaire n’est prise et que l’évolution de la consommation ne connait pas de fléchissement, l’Hexagone ne devrait pas en avoir terminé avec le tabac avant 2130.
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