RABIBOCHAGE. Troisième composante des forces de sécurité intérieure avec la gendarmerie et la police nationale, la police municipale a, elle aussi, son rôle à jouer dans l’amélioration des rapports avec la population. À Toulouse, cette dernière a ainsi renoué, sans véritablement dire son nom, avec les principes de la police de proximité.
C’était en juin 2017, sans jamais évoquer le terme de proximité. Le maire de Toulouse Jean-Luc Moudenc annonçait un redéploiement de la police municipale. Depuis, une douzaine d’agents investissent en permanence six secteurs de la ville. Les quartiers Centre, Rive gauche, Toulouse Nord, Toulouse Est, Toulouse Sud-Est et Toulouse Ouest sont désormais sillonnés par les policiers dont la principale mission est de tisser des liens avec la population et les commerçants. Ce travail de terrain, le matin, l’après-midi et en début de soirée, doit également leur permettre de faire remonter toutes sortes de renseignements utiles auprès des services d’enquêtes de la sécurité publique. Difficile de ne pas voir dans cette initiative le retour de la fameuse police de proximité, concept dont Toulouse a été la ville-pilote au début des années 2000, et devenu hautement sensible depuis le licenciement médiatisé en 2003 par Nicolas Sarkozy de son instigateur Jean-Pierre Havrin, alors directeur départemental de la sécurité publique en Haute-Garonne. Ce dernier avait ensuite adapté le dispositif à la police municipale en tant qu’élu en charge de la sécurité de 2008 à 2014, durant le mandat de Pierre Cohen, avant qu’il ne soit abandonné au changement de majorité.
« Nous ne sommes pas dogmatiques. Quand cela marche, il n’y a pas de raisons de s’en priver », avait argumenté Olivier Arsac, adjoint au maire en charge de la sécurité, au moment du retour à la sectorisation, il y a huit mois. De son côté, la mairie le justifiait par une augmentation significative des effectifs. Le nombre de policiers municipaux a en effet presque doublé pour atteindre les 300, tout proche de l’objectif des 330 fixé d’ici la fin de la mandature.
« J’avais trouvé dommage que l’on stoppe cette sectorisation au changement de majorité car un travail de terrain très intéressant avait été mis en place et commençait à porter ses fruits. Mais il est vrai que nous avions du mal à réellement quadriller les quartiers. Aujourd’hui, avec les effectifs supplémentaires, même s’il en manque toujours un peu, nous avons les moyens de travailler dans de bonnes conditions et d’être présents là où l’on nous attend, près des habitants, sur le terrain », affirme Didier Cabanié, représentant du syndicat majoritaire FO-Police municipale.
Désormais, tous les jours, les effectifs de la police municipale se répartissent entre les patrouilles fidélisées sur un secteur particulier et les différentes brigades d’interventions qui prennent en charge les demandes ponctuelles, émanant notamment du service téléphonique Allo Toulouse, ou les délits flagrants. « Cela permet aux agents concernés d’assurer une vraie présence quotidienne pour faciliter les points éventuels de crispation. Le but est qu’ils ne soient jamais bloqués par une opération de mise en fourrière, par exemple, il ne faut pas qu’ils soient statiques. Tout n’est pas encore parfait mais on nous voit plus souvent qu’avant, c’est une certitude, notamment dans les quartiers qualifiés de zones urbaines sensibles », poursuit Didier Cabanié.
Dans ces secteurs de la ville justement, le dispositif n’a semble-t-il pas encore été tout à fait identifié par les habitants. « Quand on voit le nombre de dealers qui gangrènent le quartier, on se demande vraiment ce qui est fait », souffle la responsable d’une association du Mirail. « Il y a 20 ans, les relations étaient moins tendues, il y avait plus de prévention, notamment en ce qui concerne la drogue ». Commerçant dans le quartier de la Reynerie, Reda*, est plus optimiste : « On a l’impression que les jeunes n’ont plus peur de rien aujourd’hui, mais les policiers municipaux qui s’occupent du secteur sont venus se présenter au magasin, je les vois régulièrement. C’est plutôt positif de savoir que ce sont les mêmes personnes à qui l’on peut parler des problèmes que l’on rencontre. Mais cela prendra certainement du temps pour en voir les résultats concrets ».
En attendant, toujours dans l’idée d’améliorer les relations avec la population, une grande démonstration était organisée mardi 13 février sur la place du Capitole pour présenter les différentes missions de la police municipale. « On sait qu’il y a une forte demande de sécurité mais les gens ne connaissent pas nos conditions de travail ni notre fonctionnement. Il faut faire preuve de pédagogie », explique Didier Cabanié. « On peut améliorer les choses, mais pas tout seuls. Le cœur de métier de la police municipale, c’est d’assurer la tranquillité ».
*Le prénom a été changé
Dossier “Police-citoyens : En quête de confiance” :
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