Toulouse est une des rares académies à proposer l’enseignement en langue des signes de la maternelle jusqu’au bac. Cela permet aux sourds de suivre leur scolarité dans des établissements classiques, condition sine qua non à leur intégration professionnelle, selon Pierre Laurens, proviseur du lycée Bellevue de Toulouse, qui participe au dispositif.
Au sein de l’académie de Toulouse, les enfants sourds bénéficient d’une filière complète d’enseignement en langue des signes française (LSF) et en français. Ils débutent leur scolarité dans une école et un collège situés à Ramonville-Saint-Agne et la terminent au lycée Bellevue de Toulouse. Des établissements ordinaires qui font d’eux « des élèves comme les autres, du même niveau, avec le même pourcentage de réussite que leurs camarades entendants », se réjouit Pierre Laurens, le proviseur du lycée Bellevue de Toulouse. Il souligne l’effort qui leur est nécessaire pour apprendre le français, particulièrement à l’écrit, « car sa structure est totalement différente de celle de la LSF, qui est leur langue maternelle ». Le reste du programme est identique et certaines activités extrascolaires sont communes, notamment aux côtés de la quinzaine d’élèves entendants qui a pris la LSF en option troisième langue vivante. Les salles, y compris celle des professeurs, sont équipées d’un dispositif visuel multicolore qui se déclenche en même temps que les sonneries d’intercours ou les alarmes d’évacuation.
Une petite partie des cours se déroule dans une classe standard, avec un interprète en langue des signes. Le reste est dispensé par un enseignant sachant signer : « C’est incontournable dans certaines matières, comme l’anglais, qui exigent de multiples interactions avec les élèves. » Condition idéale pour étudier, ceux étant atteints de surdité ne sont que quelques-uns par classe, entre un et quatre en moyenne depuis que la filière a été mise en place au lycée Bellevue, dans les années 2000. Ils peuvent y préparer deux bacs, littéraire ou scientifique : « Il est difficile de proposer un choix plus large compte tenu de la petite taille de l’effectif. Dans les faits, aucun établissement ne peut jamais répondre à toutes les demandes. »
C’est pourquoi, par le biais des Maisons départementales des personnes handicapées (MDPH), l’élève peut solliciter des aides financières pour disposer d’un interprète dans un lycée classique, la loi dite handicap du 11 février 2005 conférant au service public d’éducation le soin de veiller à l’inclusion scolaire de tous les enfants, sans aucune distinction. À la recherche d’options spécifiques, des familles décident parfois de déménager dans une autre ville : « Afin de proposer des cursus qui soient complémentaires, nous collaborons avec toutes les académies. Si celle de Toulouse a été pionnière, bon nombre lui ont emboîté le pas », précise Pierre Laurens. Le proviseur s’est fixé pour mission d’« équiper au mieux les élèves sourds avant l’université, car c’est un milieu beaucoup moins protégé que celui de l’école ou du lycée, les dispositifs de soutien y étant moins important. Ce sera pire ensuite quand ils entreront dans le monde du travail. » Leur scolarité est donc la période durant laquelle ils gagneront le plus en autonomie.
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