Il est un petit jeu auquel les Toulousains aiment bien se livrer. Demander le département d’origine de leur interlocuteur et citer les produits locaux qui le caractérisent. L’Aveyron et son Roquefort, le Gers et son Armagnac, le Tarn et son ail rose de Lautrec, les Hautes-Pyrénées et son porc noir de Bigorre… Il n’est pas un territoire de l’Occitanie qui n’ait pas ses produits emblématiques. Derrière chacun d’entre eux, des producteurs font vivre des recettes ancestrales. Parmi eux, certains tentent de les adapter aux demandes croissantes des consommateurs : préservation du terroir, bien-être animal, réduction des produits chimiques… Cette semaine, le JT se met à table avec ceux qui donnent de l’avenir à la tradition.
Avec 250 produits sous signe officiel de qualité et d’origine, l’Occitanie est l’une des régions les plus dynamiques en termes de valorisation de ses produits locaux. Le salon Sisqa, nouvellement appelé Régal (Rencontres gustatives, agricoles et ludiques), en est l’une des meilleures illustrations. Du 14 au 17 décembre, au parc des expositions de Toulouse, près de 200 exposants présenteront 550 produits régionaux, fleurons du territoire. Un événement qui « en 15 ans, s’est imposé comme un rendez-vous incontournable autour de l’alimentation et des produits de qualité », note Carole Delga, la présidente de Région.
C’est également la vitrine des évolutions observées tant en termes d’agriculture que d’habitudes alimentaires, comme le remarque l’élue : « La filière agricole est actuellement confrontée à de multiples crises, avec des échanges mondialisés qui ont tendance à maltraiter nos productions locales. Nous devons inventer l’agriculture de demain, innovante, durable et ancrée dans nos territoires. » Notamment pour répondre aux nouvelles attentes des consommateurs.
Car selon une étude commandée par le ministère de l’Agriculture, des tendances alimentaires émergent peu à peu et le comportement des consommateurs se transforme. « À la suite des crises sanitaires et de la diffusion de messages de santé publique, les Français ont pris conscience du lien qui existe entre leur alimentation, leur santé et leur bien-être », est-il constaté dans l’enquête. En découle un besoin de naturalité, autrement dit de cultures et d’élevages sans produits chimiques ni pesticides et autres antibiotiques, ainsi qu’un rejet massif des OGM.
Pour s’adapter à ces exigences émanant des consommateurs, les producteurs doivent innover. En la matière, « l’un des enjeux majeurs reste de trouver des produits de substitution biosourcés aux phytosanitaires », rappelle Vincent Costes, directeur général d’Agri Sud-Ouest Innovation, pôle de compétitivité qui rapproche centres de recherche, institutions et entreprises. La structure a notamment soutenu le projet Inno’Pom : « Trois entreprises du Tarn-et-Garonne ont travaillé sur ce programme de recherche visant à réduire massivement la présence de produits phytosanitaires dans les pommes », précise Vincent Costes.
La technologie vient également en soutien dans cette mutation des modes de production. « Par exemple, la société Naïo Technologies a développé un robot de désherbage pour éviter l’utilisation des produits chimiques », lance le directeur du pôle de compétitivité. Des robots, des drones, le numérique, la géolocalisation… Autant d’innovations auxquelles les producteurs ont recours pour satisfaire leurs clients et créer de la valeur ajoutée à leur exploitation.
L’étude du ministère révèle également que les Français mangent moins de viande. Si 70 % des protéines consommées sont encore d’origine animale, ce taux diminue au point de refléter une nouvelle phase de transition nutritionnelle. À l’inverse, la demande en protéines végétales est en constante augmentation. Trois raisons évoquées par l’enquête pour l’expliquer : « Le prix jugé trop élevé de la viande, les enjeux environnementaux et les conditions de production et de transformation qui rentrent de plus en plus dans les critères de choix des consommateurs. » Agri Sud-Ouest innovation plébiscite ainsi la création d’une filière identifiée de protéine végétale, de la production à la transformation. « Les producteurs ont bien compris la nécessité d’une modification des pratiques de production, demandée par les consommateurs eux-mêmes, mais ils sont encore mal organisés et les alternatives restent rares et onéreuses », rappelle Vincent Costes.
Pour les aider, le Conseil régional a mis en place, le mois dernier, un dispositif finançant la modernisation des outils et l’investissement dans des innovations de production : le Pass Agro-viti (plafond à 60 000€) et le Contrat Agro-viti (plafond à 700 000€). «Nous accompagnons ainsi les producteurs dans la mutation de leur secteur d’activité car cette dernière peut aller très vite. Selon une étude prospective, 45% des aliments consommés dans cinq ans ne sont pas encore connus à ce jour. Du moins, pas sous la même forme », explique Jean-Louis Cazaubon, vice-président de Région, en charge de l’agroalimentaire.
Afin d’identifier les futurs comportements alimentaires, le Conseil régional lancera, en 2018, une large concertation auprès des citoyens, des professionnels et des acteurs des filières agricoles. « Affiner les tendances permettra de mieux répondre aux attentes des acheteurs et de préciser les opportunités pour les producteurs », termine l’élu.
« Suite aux scandales de l’agroalimentaire, j’achète tous mes produits frais comme les légumes, les fruits, la viande et le fromage, au marché en choisissant des artisans de qualité et des circuits courts. Ma volaille et mes légumes sont produits dans un rayon de 40 km par exemple. »
Jean, 40 ans, profession libérale
« Je suis devenue végétarienne l’année dernière suite à une grosse prise de conscience. Je ne veux plus participer à la production en masse de la viande et du poisson, et ne plus être coresponsable de la maltraitance animale. Sans compter la consommation énergétique de ces aliments. Si en plus c’est bon pour la planète, et pour ma santé… »
Karine, 37 ans, ingénieure
« Je mange bio depuis des années et j’ai franchi un nouveau pas, je suis devenu crudivegan. Depuis quatre ans, je mange végétalien, sans gluten, sans laitage et beaucoup de fruits. C’est surtout pour ma santé. Je vois les gens de mon âge souffrir de cholestérol, de diabète, d’arthrose… Je suis convaincu que c’est essentiellement dû à leur alimentation. »
Isabelle, 45 ans, secrétaire
« Je travaille beaucoup et je n’ai pas le temps de faire le marché, ni même de perdre une heure au supermarché. Je fais donc mes courses sur internet. Je les commande le soir et je vais les chercher le lendemain au drive. Simple et rapide. Cela m’évite aussi les achats compulsifs dont je n’ai nul besoin mais que je prends systématiquement parce que je passe devant le rayon. »
Marianne, 36 ans, designer
« Je suis célibataire et j’ai du mal à trouver des produits n’étant pas conditionnés pour une famille de quatre personnes, minimum. Du coup, j’achète quand même et je me retrouve à manger la même chose pendant plusieurs jours pour ne pas gaspiller. Il devrait exister des parts, des conditionnements individuels parce que oui… les gens seuls mangent aussi ! »
Éric, 31 ans, étudiant
Dossier ” Les produits régionaux au goût du jour ” :
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