ÉCOSYSTÈME. Immeubles modernes et peu énergivores, pistes cyclables, espaces verts, participation des résidents dans les décisions… En choisissant de transformer la vaste friche industrielle de la Cartoucherie en écoquartier, la municipalité de Pierre Cohen promettait « une nouvelle manière d’habiter ». Quatre ans après le début des travaux, le site arrive désormais à un carrefour. Avec les premières constructions, sont venues les premières interrogations. Le quartier n’aura-t-il d’éco que le nom ? La mixité sociale attendue se concrétisera-t-elle ? Le JT sonde le terrain.
Si l’on ne connaît du projet de la Cartoucherie que les vues d’architectes, une visite sur place peut s’avérer déconcertante. Il y a cette maison de quartier posée au milieu de nulle part, ces grues et ces grands immeubles dont certains jugés d’un goût discutable. Les rez-de-chaussée, réservés aux futurs commerces, sont encore bâchés. « Ok, pour l’instant ce n’est pas le cadre de vie le plus agréable mais on savait tous en arrivant que c’était le début. Il faut un peu de patience », témoigne Hassan, qui a fait partie des premiers habitants à la fin de l’année 2015.
Un projet de cette envergure nécessite forcément du temps. Il y a un peu plus de 100 ans, 14 000 personnes travaillaient au chargement de cartouches sur ce terrain qui avait été encore un siècle plus tôt une zone d’essais militaires. La ZAC de la Cartoucherie, elle, a déjà vu défiler trois municipalités différentes. C’est sous la première mandature de Jean-Luc Moudenc, en 2005, que le projet est né. Mais ce n’est que trois ans plus tard que le terme écoquartier a émergé. «Un terrain de 33 hectares au cœur de la ville, il fallait avoir conscience que c’était la dernière fois qu’une telle opportunité se présentait et quand nous sommes arrivés en 2008, j’ai convaincu le maire qu’il fallait en faire quelque chose d’emblématique », raconte Régis Godec, élu écologiste.
Hormis le niveau de densité, prévu dans le premier cahier des charges, tout est remis à plat. Entre 2008 et 2009, un forum de concertation réunit différents acteurs de la ville, dont les riverains, autour de tables thématiques. Une réflexion sur la place de la voiture aboutit à l’idée de parkings silos en périphéries du quartier. Une autre, sur l’énergie, débouche sur la connexion au réseau de chaleur de l’incinérateur du Mirail et à un système de récupération de l’eau pluviale via des espaces végétalisés. Plutôt qu’une série d’immeubles de neuf mètres le long de l’avenue Grande-Bretagne, les riverains optent pour différentes hauteurs. « Nous avons aussi fait en sorte que dans chaque îlot il y ait un promoteur privé et un bailleur social. Nous avons également rajouté la dimension d’habitat participatif », poursuit Régis Godec. Car le projet d’écoquartier est annoncé comme « une nouvelle façon de vivre en ville » et tout est pensé pour éviter le syndrome du quartier replié sur lui-même.
Malgré certaines craintes, l’actuelle municipalité a gardé une bonne partie des principes imaginés pour ce futur quartier. « Mon unique regret est que l’implication des habitants dans la construction et le fonctionnement du projet semblent avoir été oubliés », assure l’élu d’opposition. Pour l’instant, la Cartoucherie n’a d’écoquartier qu’une appellation encore non officielle mais la mairie a adopté en juin dernier la charte EcoQuartier, première étape dans la labellisation du site. Et sur le sujet, les acteurs sont unanimes : seule l’épreuve du temps permettra de juger si l’on a réussi à créer de la vie à partir cette immense friche industrielle.
Dossier : Quoi de neuf à la cartoucherie ?
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