Pour continuer à correspondre à l’image de fruit santé par excellence, les différents acteurs de la filière de la pomme se mobilisent pour la réduction de l’utilisation de produits phytosanitaires.
« An apple a day, keeps the doctor away ». Vieux souvenir de nos cours d’anglais, ce célèbre dicton évoque bien sûr les nombreux bienfaits sur la santé que l’on attribue habituellement à la pomme. Pourtant, soumis aux mêmes impératifs de rendement que ses congénères, le fruit fait lui aussi l’objet de traitements chimiques généralisés dont les résidus se retrouvent dans nos assiettes. Alors, pour se réinventer, la filière multiplie les initiatives depuis plusieurs années pour faire la chasse à ces phytosanitaires dont les clients ont de plus en plus tendance à se méfier.
Dans le Tarn-et-Garonne notamment, sous l’impulsion de Blue Whale, important groupement de fruiticulteurs, une réflexion est menée avec différentes entreprises, laboratoires scientifiques et organismes dont Météo France pour inscrire la pomme dans une démarche de production sans résidus de pesticides via de nombreux investissements en recherche et développement.
À Lizac, au Nord-Ouest de Montauban, Jean-Louis Bouysset est ainsi un des premiers à adhérer à cette démarche. Nichée dans un méandre du Tarn, son exploitation de plus de 30 hectares de pommes et de kiwis (dont 12 en agriculture biologique) est en évolution constante. « J’ai toujours été sensible à l’environnement, je pratique des méthodes bio depuis les années 1990 et tous mes projets de renouvellement ou de plantation sont réfléchis dans le but de diminuer la part de conventionnel », explique l’arboriculteur, qui fait aussi partie du dispositif Dephy de la Chambre d’agriculture, réseau d’accompagnement et d’échanges d’expériences entre producteurs pour réduire l’usage des phytosanitaires.
Pour l’aider dans sa quête, Jean-Louis Bouysset a investi dans plusieurs outils technologiques. Une station météo avec différents capteurs lui permet de surveiller directement sur son téléphone la température du sol, la croissance des branches, mais aussi le taux d’hygrométrie.
« Tout cela m’aide à être plus précis, plus réactif et plus économe en irrigation. Mais en réalité, la véritable innovation a été de me plonger dans le fonctionnement du végétal. J’ai passé des heures sur Internet à décortiquer les interactions entre champignons, insectes et fruits. Cela m’a permis de redécouvrir mon métier », raconte-t-il. Dès 2008, l’arboriculteur a ainsi planté une nouvelle variété de pommiers résistants à la tavelure, ce champignon qui déclasse les fruits, et pense réitérer l’opération. Pour réduire les insecticides, il pratique également la confusion. Dans ses rangées de pommiers, de minuscules diffuseurs perturbent l’accouplement d’insectes nuisibles. Enfin, grâce au surgreffage, qui consiste à changer la variété d’un arbre adulte, il compte bien continuer à convertir son verger.
Car pour Jean-Louis Bouysset, qui n’utilise aucun herbicide, la lutte contre les produits phytosanitaires passera obligatoirement par des méthodes naturelles : « C’est long et compliqué mais il faut trouver du végétal naturellement résistant via une meilleure connaissance du milieu. De plus, c’est économiquement viable car les prix du bio prennent en compte la valeur ajoutée. En conventionnel, le marché est saturé. »
Dossier ” Les produits régionaux au goût du jour ” :
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