DRRINNNNG. Pendant la prérentrée nous avons poussé les portes d’une école pas comme les autres. Un établissement sans horaire de récréation ni cours formel de grammaire. Un groupe d’enfants de 3 à 16 ans y vit une autre scolarité. Bienvenue sur les bancs de l’école démocratique Nectarine.
Maylis Jeanpreau
© CheryltOn n’y entre pas par hasard. Pour trouver l’école Nectarine, aussi appelée Nectarine School, il faut se rendre à Tournefeuille, pénétrer dans une rue résidentielle, pousser le portail d’une villa, et, au fond d’un jardin, atteindre un petit bâtiment. Nous voilà à la bonne adresse. Dans cette pièce, il y a bien des livres, des crayons de couleur, une carte de France grand format affichée au mur, des tables colorées et même un grand tableau blanc. « Il sert surtout à écrire des informations sur la vie de l’école ! », prévient Adélaïde Gauvain, la fondatrice.
Un bambin dessine sur une feuille blanche. D’autres jouent non loin de la bibliothèque. Assise à côté de Marina, accompagnatrice bilingue français et anglais, Élise, 16 ans, se penche sur le carnet d’appel. « Pour une absence, on peut mettre un trait ou écrire “abs” ? », propose-t-elle aux adultes qui l’entourent. « Élise a eu envie de gérer le carnet d’appel. Les enfants et adolescents participent à la vie de l’école. », explique Adélaïde Gauvain. Pendant ce temps, Anaïs, une jeune femme en service civique, monte une table destinée à accueillir les élèves pour les repas. En ce jour de prérentrée, l’équipe de la Nectarine School a fort à faire.
D’ici quelques heures, 17 enfants vont poser leurs cartables.« C’est notre deuxième rentrée », poursuit Adélaïde Gauvain. « J’ai créé l’école il y a un an, après avoir rencontré plusieurs personnes dans le même cas que moi : effectivement, nous avions envie d’une école différente pour nos enfants.» Parce qu’elle n’a pas trouvé d’établissement de ce type à Tournefeuille, où elle réside, cette maman de deux enfants, qui fut institutrice dans une école publique, décide de monter une nouvelle structure. Pour cela, il lui a fallu trouver un local aux normes et déclarer son école en mairie. Après avoir accueilli 12 élèves l’an dernier, la Nectarine School est au maximum de ses capacités, avec 17 enfants.
Autour de la table, petites et grandes chaises se côtoient. À l’image de ceux qui vont bientôt s’y asseoir. Des enfants de 3 à 16 ans seront en interaction permanente. Car l’école est membre de l’Eudec, le réseau des écoles démocratiques. Ces établissements sont fondés autour d’une pratique quotidienne de la démocratie par un groupe multiâges. Les enfants participent à l’élaboration des règles de vie ou du budget. Il n’y a pas de cours formels, mais des activités proposées.
Adélaïde Gauvain nous entraîne dans une petite salle où sont disposés des matelas et un piano noir. « Si un enfant a envie de faire du piano toute la journée, c’est son choix,» lance-t-elle. « Le matin, ils arrivent entre 8h30 et 9h30, il y a un premier temps pour la lecture et les projets personnels, puis nous leur proposons des activités comme des chansons en anglais, un atelier calligraphie ou un atelier philo. Ils choisissent là où ils veulent aller. Mais ils peuvent aussi faire le choix de jouer, d’aller faire des recherches sur l’ordinateur, de lire… ». La seule obligation des élèves est d’assister aux réunions de la classe et de participer au ménage et au rangement après le repas. Adultes et enfants mangent ensemble, sur un pied d’égalité.
Les élèves sortent dans le jardin quand ils le souhaitent, sans attendre la sonnerie de la récréation. De plus, ils vont aux toilettes sans avoir à lever la main et n’ont pas de devoir à la maison. Quand on lui demande ce qu’il en est des cours de mathématiques, Adélaïde Gauvain nous parle alors des calculs faits lors de la gestion du budget de l’école. « Nous ne considérons pas qu’un apprentissage soit supérieur à un autre. Nous proposons un environnement stimulant aux enfants, quand ils comprennent qu’ils ont un intérêt à apprendre à lire pour faire des recherches sur leur chanteur préféré, l’apprentissage est beaucoup plus facile », assure-t-elle.
« Nous allons accompagner Élise qui veut passer son bac et mettre à sa disposition les ressources nécessaires. » Même si elle est hors contrat et donc payante (400 euros par mois), cette école où l’apprentissage de l’autonomie et de la bienveillance sont aussi importants que les tables de multiplication, attire de plus en plus de parents. « J’ai envie que ma fille soit heureuse, même à l’école », glisse une maman d’élève sur le chemin qui s’éloigne de la Nectarine School.
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