DÉTOUR. Avec le barrage de Sivens et l’arrivée de la ligne à grande vitesse jusqu’à Toulouse, la construction du centre commercial Val Tolosa est l’un des serpents de mer de la politique locale. Depuis une quinzaine d’années, ce programme donne lieu à un véritable feuilleton judiciaire dont l’issue est aujourd’hui incertaine.
Et si le dénouement passait par un remaniement total du projet ? C’est en tout cas la piste qu’explore cette semaine la rédaction du JT. Urbanistes, associations de défense de l’environnement ou encore élus, dessinent ainsi les alternatives possibles à ce complexe commercial controversé.
En une dizaine d’années, Val Tolosa, projet d’implantation d’un immense centre commercial à Plaisance-du-Touch, est devenu un véritable feuilleton politique et judiciaire. Les derniers rebondissements remontent à cet été avec une décision de la Cour administrative d’appel de Bordeaux. Le 13 juillet, elle a confirmé l’annulation, prononcée en première instance, de l’arrêté préfectoral de 2013 autorisant Unibail-Rodamco à détruire des espèces protégées sur le site. La cour a estimé, entre autres, que « l’intérêt public majeur » du projet n’était pas démontré.
Six jours plus tard, le préfet de la région Occitanie annonce avoir pris un nouvel arrêté de dérogation de destruction des espèces protégées, ouvrant ainsi la voie au lancement des travaux. Le 28 juillet, le collectif d’opposants “Non à Val Tolosa” demande alors un référé contre cette nouvelle autorisation et occupe le site pour empêcher les engins de chantier de commencer les travaux. Unibail-Rodamco conteste immédiatement la décision de la Cour d’appel de Bordeaux devant le Conseil d’État. Deux jugements sont donc encore attendus dans les prochains mois.
Aujourd’hui, « le projet est au point mort », indique Pascal Gaborit, coprésident du collectif “Non à Val Tolosa”. Dans son rapport financier du 30 juin 2017, le promoteur annonçait une livraison au second semestre 2019. Difficile de savoir si ces délais seront tenus.
C’est ainsi que depuis 12 ans, les pro et les anti aiguisent leurs arguments dans les médias et les prétoires. Le promoteur met notamment en avant le potentiel économique du lieu. Les 98 000 m² de surface commerciale qui comprendraient un hypermarché et une galerie marchande de 150 boutiques, pourraient créer près de « 3000 emplois » indique-t-il sur son site. Le maire de Plaisance-du-Touch, Louis Escoula, farouche soutien du projet, s’est laissé convaincre par la taxe foncière générée.
Le collectif “Non à Val Tolosa” et les associations de défense de l’environnement comme France Nature Environnement et Nature Midi-Pyrénées dénoncent, quant à elles, l’importante emprise du projet « sur plus de 40 hectares ». Et avec elle, la destruction d’espèces protégées et « l’artificialisation des sols ». « L’idée d’aménager une zone autour d’un centre commercial est une solution dépassée qui date des années 1970 », lance Pascal Gaborit.
Val Tolosa illustre en tout cas les questionnements montants autour de l’extension des grands équipements aux abords des villes. En février 2017, le président de l’Alliance des commerçants, Régis Schultz, président de Monoprix depuis 2016 après avoir été PDG du groupe Darty et des magasins But, a demandé un moratoire estimant que « les centres commerciaux de périphérie contribuent à la destruction du lien social ». En octobre dernier, le ministre de la Transition écologique et solidaire, Nicolas Hulot a fait part de son souhait d’instaurer une taxe frappant les constructeurs qui investissent des espaces naturels. Mais le gouvernement, par la voix de Pascal Faure, à la tête de la Direction général des entreprises, a rejeté tout moratoire, au nom du « droit fondamental » de « la liberté du commerce ».
Dossier ” Val Tolosa : des alternatives en rayon ” :
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