Depuis 11h44, ce vendredi 3 novembre et jusqu’à la fin de l’année, les femmes sont bénévoles. En étant payées en moyenne 15,8% de moins que les hommes, elles travaillent gratuitement pendant 40 jours ouvrés. Et l’écart se creuse.
Le soleil presque à son zénith, elles sont une cinquantaine, devant le donjon du Capitole. Certaines se sont mises en grève, la plupart sont venues faire un saut, pour marquer le coup. Alors que depuis le début des années 1980, l’écart constaté entre le salaire moyen des hommes et celui des femmes se réduisait, désormais il augmente : “La crise et les politiques d’austérité frappent d’abord les emplois précaires, à temps partiel, ou en intérim, qui sont occupés à 70% par des femmes”, explique Corine, professeur de lettres. Après la réforme du Code du travail, elle redoute pour les femmes des licenciements plus faciles et des conditions de travail plus difficiles : “En supprimant les CHSCT (Comités d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail), il sera plus compliqué d’évaluer les problèmes d’égalité entre hommes et femmes dans l’entreprise.”
Car, à travail égal, il faut un salaire égal. Et cela peut se défendre devant la justice : “Nous devrions nous rendre, massivement, devant les Prud’hommes”, suggère Louise, travailleuse sociale, citant l’exemple de salariées qui ont ainsi obtenu gain de cause. Des outils de mesure existent au sein des entreprises, comme la négociation annuelle sur l’égalité professionnelle entre hommes et femmes, “mais cela n’engage en rien la direction”, déplore Julie, infirmière. Elle fait remarquer que son salaire est inférieur à celui d’un technicien médical, alors qu’elle dispose du même niveau de qualification : “Un poste dans un métier dit “féminin” implique une rémunération réduite”, dit-elle. Pour lisser les différences au sein de l’entreprise, elle propose d’instituer un congé paternité obligatoire de trois mois, comme il existe dans les pays nordiques.
Le collectif La Glorieuse, à l’initiative du rassemblement, réclame aussi des mesures contre le harcèlement sexuel au travail : “Si l’on n’entre pas dans le jeu du harceleur, on peut être pénalisée sur sa feuille de paye. C’est une autre violence faite aux femmes, une violence économique”, constate Michèle, éducatrice spécialisée. Selon elle, la gente masculine a tout à gagner à se rallier aux revendications féminines, car “lorsque le salaire des femmes baisse, celui des hommes n’augmente pas ».
Philippe Salvador
Philippe Salvador a été reporter radio pendant quinze ans, à Toulouse et à Paris, pour Sud Radio, Radio France, RTL, RMC et BFM Business. Après avoir été correspondant de BFMTV à Marseille, il est revenu à Toulouse pour cofonder le magazine Boudu.
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