À l’approche des élections municipales, la délivrance des permis de construire a chuté de près d’un tiers en France. Les promoteurs immobiliers attendent impatiemment la fin de la campagne.
©joffiC’est une tradition que les professionnels du bâtiment préféreraient ne pas respecter. À l’approche des élections, les maires ont tendance à stopper, retarder ou modifier les nouveaux projets immobiliers . « Cela se vérifie à chaque renouvellement de mandat. Mais cette année est exceptionnelle : nous n’avons jamais connu une telle baisse de délivrance des permis de construire », constate Stéphane Aubay, président de la Fédération des promoteurs immobiliers Occitanie Toulouse.
Chiffres à l’appui. À l’échelle nationale, au moment des scrutins municipaux de 2008 et 2014, la dégringolade avait atteint 25 % par rapport aux pics des années précédentes. Or, « en septembre 2019 le recul était presque d’un tiers, comparé au record de juillet 2017 », détaille l’expert.
Si les édiles freinent des quatre fers la production de logements sur leur territoire au moment de remettre leur mandat en jeu, c’est pour ne pas bousculer le quotidien de leurs administrés et pour que leur commune ne soit pas trop en chantier. Il n’est pas toujours bien vu d’être un maire bâtisseur. « C’est même devenu un véritable enjeu de campagne. Désormais, tous les candidats utilisent l’argument du “moins construire” pour séduire les électeurs, parce que c’est ce qu’ils souhaitent entendre. Mais si une telle politique était mise en œuvre, on ne pourrait plus accueillir 15 000 nouveaux arrivants chaque année sur l’aire urbaine toulousaine ».
Stéphane Aubay estime que « la seule solution pour produire davantage de logements, c’est que les habitants veuillent bien voir leur ville changer. Hélas, leur niveau d’acceptabilité en termes d’urbanisme est de plus en plus faible », déplore-t-il, en soulignant notamment le rôle des réseaux sociaux, qui amplifieraient la voix des détracteurs du secteur.
Conséquence d’une offre qui se raréfie : les prix grimpent. Avec une progression de 5 % entre 2018 et 2019, le prix moyen du mètre carré des logements collectifs vendus en libre atteint 3836 euros, selon le baromètre trimestriel de l’Observer de l’immobilier toulousain. « Un niveau qui est toujours inférieur de 200 à 300 euros à ceux de Bordeaux et Montpellier », fait toutefois remarquer l’expert.
La ville rose n’est en effet qu’en neuvième position des grandes métropoles françaises pour ses tarifs fonciers. « Et c’est certainement celle où la délivrance des permis de construire a le moins chuté ». La profession attend impatiemment la suite : « La demande de logements demeure très forte et nous ne doutons pas que l’activité redémarrera après les élections. »
Philippe Salvador
Philippe Salvador a été reporter radio pendant quinze ans, à Toulouse et à Paris, pour Sud Radio, Radio France, RTL, RMC et BFM Business. Après avoir été correspondant de BFMTV à Marseille, il est revenu à Toulouse pour cofonder le magazine Boudu.
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